(RSF/IFEX) – Deux réalisateurs australiens, Violeta Ayala et Daniel Fallshaw, ont été brièvement détenus par les services de sécurité du Front Polisario près du camp de réfugiés de Rabouni, à 25 km de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie. « Le Sahara occidental sous contrôle marocain et les camps de réfugiés en Algérie font partie de […]
(RSF/IFEX) – Deux réalisateurs australiens, Violeta Ayala et Daniel Fallshaw, ont été brièvement détenus par les services de sécurité du Front Polisario près du camp de réfugiés de Rabouni, à 25 km de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie.
« Le Sahara occidental sous contrôle marocain et les camps de réfugiés en Algérie font partie de ces zones dans lesquelles il est très difficile pour les journalistes de se rendre et de travailler. Les populations sahraouies, des deux côtés de la frontière, sont les premières victimes de ce black-out sur l’information. Nous demandons aux autorités concernées de respecter le travail de la presse et de mettre un terme aux entraves politiques et administratives », a déclaré Reporters sans frontières.
Violeta Ayala et Daniel Fallshaw se rendent régulièrement dans les camps de réfugiés en Algérie pour filmer des familles sahraouies dont les membres ont été séparés par le mur de séparation construit par le Maroc, au début des années 1980, à quelques kilomètres de la frontière algérienne ( http://www.thewallofshame.info/ ). Le 2 mai 2007, les deux journalistes ont été interpellés par les forces de sécurité du Front Polisario qui ont confisqué leur téléphone portable. Ils ont ensuite été transportés dans les bureaux des services de sécurité où ils ont été retenus pendant cinq heures. Grâce à l’intervention d’officiers des Nations unies, les deux journalistes ont pu quitter le camp de Rabouni et se rendre à Tindouf, d’où ils ont pris un avion pour la France quelques jours plus tard.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, les représentants du Front Polisario leur auraient reproché de s’intéresser au sort des membres noirs de la population sahraouie. Violeta Ayala a confié à l’organisation avoir été témoin de pratiques d’esclavage. « Ce n’est pas parce qu’ils mènent un combat pour leur indépendance que les dirigeants du Polisario peuvent se permettre de telles violations des droits de l’homme. En tant que journalistes, il est de notre devoir de dénoncer ces pratiques. A l’origine, nous nous étions rendus sur place pour travailler sur la problématique des familles séparées. Mais durant notre séjour, nous avons été les témoins de scènes d’esclavage », a déclaré Violeta Ayala. Le Front Polisario a démenti avoir fait interpeller les deux journalistes.
Au Sahara occidental, sous contrôle marocain, la situation est également difficile pour les professionnels des médias. Reporters sans frontières a recensé de nombreux cas de journalistes interpellés, reconduits à la frontière, voire même agressés par les forces de l’ordre. Les journalistes norvégiens Anne Torhild Nilsen et Radmund Steinsvag n’ont toujours pas obtenu d’autorisation pour se rendre à Laâyoune (capitale du Sahara occidental) après de multiples tentatives auprès de l’ambassade du Maroc à Oslo et du ministère de la Communication, à Rabat (consulter l’alerte de l’IFEX du 26 octobre 2006). Plus récemment, le photographe suédois free-lance, Lars Björk, a été interpellé, en février 2007, pour avoir pris des clichés d’une manifestation de jeunes Sahraouis brandissant le drapeau du Front Polisario à Laâyoune (consulter l’alerte de l’IFEX du 20 février 2007). Il a été expulsé le lendemain de son arrestation.