Jacques Blaise Mvié et Charles René Nwe ont été condamnés, le 3 juin 2009 à cinq ans de prison ferme par le Tribunal Militaire de Yaoundé.
(JED/IFEX) – Jacques Blaise Mvié et Charles René Nwe, respectivement directeur général et rédacteur en chef du journal « La Nouvelle », ont été condamnés, le 3 juin 2009 à cinq ans de prison ferme avec mandat d’arrêt à l’audience et à 500 000 FCFA (environ 1 066 $US) d’amendes par le Tribunal Militaire de Yaoundé. Ce verdict est tombé à l’issue d’un procès qui s’est déroulé à huis clos, sans aucun débat contradictoire et à l’insu des journalistes. « La Nouvelle » est un hebdomadaire privé paraissant à Yaoundé, capitale de la République du Cameroun.
Il est reproché aux journalistes la publication d’une série d’articles mettant en cause M. Remy Ze Meka, Ministre camerounais de la Défense, présenté comme un des organisateurs du coup d’Etat manqué d’octobre 2007 et auteur des détournements des fonds publics destinés aux militaires affectés à la presqu’île de Bakasi.
Mvié était déjà interpellé, le 3 mars 2008, par la Sécurité Militaire (SEMIL), les services des renseignements camerounais, et la Gendarmerie Nationale Camerounaise, et interrogé sur ses sources d’information. Dans la foulée, une procédure judiciaire secrète et expéditive avait été engagée contre les deux journalistes au Tribunal Militaire de Yaoundé, et ce, à l’insu des intéressés. La nouvelle de leur condamnation leur a été annoncée par un inconnu au téléphone.
Joint au téléphone par Journaliste en danger (JED), Mvié a dénoncé « un règlement de comptes initié par le Ministre de la Défense en complicité avec ses collègues emprisonnés par la justice camerounaise pour détournement des fonds publics. »
Dans une lettre destinée au Président de la République du Cameroun, dont une copie est parvenue à JED, le journaliste a sollicité l’intervention de ce dernier « face à l’arbitraire qu’ils subissent (. . .) de la part du Ministre de la Défense Remy Ze Meka ». Dans la même lettre, Mvié s’est interrogé sur « ce qu’un délit de presse (si délit de presse il y a, selon l’esprit de la loi sur la communication sociale de 1990) vient chercher dans une procédure expéditive, suspecte et secrète d’un Tribunal militaire aux ordres du Ministre de la Défense, si ce n’est pour préparer un crime crapuleux en remettant le Directeur de publication et le rédacteur en chef aux mains des principaux piliers du G11, actuellement incarcérés à la prison centrale de Kondengui ».
L’hebdomadaire « La Nouvelle » s’est toujours illustré dans ses prises de position au sujet des arrestations des hommes politiques accusés de détournements des fonds publics.