(RSF/IFEX) – Danko Druzijanic et Goran Rotim, deux journalistes de la Radio-Télévision croate (HRT), ont été suspendus après avoir rediffusé un discours où l’actuel président croate Stepan Mesic approuve le passé fasciste de l’Etat croate pendant la Seconde Guerre mondiale. La suspension pour « manque de professionnalisme » a été décidée par le directeur de la HRT […]
(RSF/IFEX) – Danko Druzijanic et Goran Rotim, deux journalistes de la Radio-Télévision croate (HRT), ont été suspendus après avoir rediffusé un discours où l’actuel président croate Stepan Mesic approuve le passé fasciste de l’Etat croate pendant la Seconde Guerre mondiale. La suspension pour « manque de professionnalisme » a été décidée par le directeur de la HRT Mirko Galic. Candidat au poste d’ambassadeur en France, il semble avoir voulu sanctionner des journalistes qui ont mis le Président dans une situation délicate. Mirko Galic a démenti cette explication.
« Reporters sans frontières considère la suspension des deux journalistes comme disproportionnée. Nous sommes étonnés de voir que le directeur de la télévision nationale soit prêt à exercer de l’auto-censure pour plaire au chef de l’Etat. Dans un Etat démocratique, les journalistes ne peuvent pas être au service du pouvoir. L’indépendance des médias, notamment publics, est d’autant plus importante à l’approche des élections parlementaires de novembre 2007 », a déclaré l’organisation de défense de la liberté de la presse.
Le discours du président croate, rediffusé le 9 décembre 2006 au journal télévisé, avait été prononcé au début des années 1990 en Australie. Stepan Mesic s’adressait alors en tant que haut représentant du parti au pouvoir Union démocratique croate aux émigrés croates. « Nous avons été deux fois victorieux dans la Seconde Guerre mondiale et nous n’avons pas d’excuses à faire (. . .). Pour la première fois, nous avons gagné le 10 avril 1941 (proclamation de l’Etat indépendant fasciste). A la fin de la guerre, nous avons à nouveau été aux côtés des vainqueurs », avait-il déclaré.
La rediffusion de ces phrases a choqué l’opinion publique croate. Stepan Mesic a réagi en insistant sur le contexte particulier de ce discours et sur les nombreuses preuves de son comportement anti-fasciste. Il a également condamné la suspension des deux journalistes.
Danko Druzijanic et Goran Rotim se sont déclarés choqués par leur suspension. « Nous avons pensé avoir fait du bon travail. Toutes les informations ont été recueillies conformément aux normes journalistiques ».