(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime sa très profonde inquiétude après l’interpellation et la détention prolongée, au siège de la Police judiciaire (PJ) de Libreville, de deux journalistes et de plusieurs membres éminents de la société civile gabonaise. Tous sont détenus depuis une semaine, au-delà de la durée légale d’une garde à vue au Gabon, […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime sa très profonde inquiétude après l’interpellation et la détention prolongée, au siège de la Police judiciaire (PJ) de Libreville, de deux journalistes et de plusieurs membres éminents de la société civile gabonaise. Tous sont détenus depuis une semaine, au-delà de la durée légale d’une garde à vue au Gabon, sans qu’aucun motif n’ait été fourni pour justifier leur arrestation. Plusieurs journalistes ont été récemment convoqués et entendus à la PJ dans la même affaire.
« Ce climat de peur, dont l’ampleur et la gravité sont sans précédent au Gabon depuis plusieurs années, est le signe qu’une traque est organisée par le chef de l’État contre ceux qui font preuve d’une curiosité trop grande sur des sujets tels que le patrimoine de la famille Bongo ou la gestion des fonds publics. La chasse aux journalistes doit immédiatement cesser et les détenus doivent être relâchés, puisqu’aucune charge n’est retenue contre eux », a déclaré l’organisation.
Contrairement aux informations faisant état de la libération de Gaston Asseko, directeur technique de la radio Sainte-Marie, et de Léon Dieudonné Kougou, rédacteur en chef du bimensuel privé « Tendance Gabon », Reporters sans frontières confirme le maintien en détention des deux journalistes. Le 30 décembre 2008, ils avaient été interpellés par les services de renseignement et conduits à la Police judiciaire pour y être gardés à vue. Opéré récemment, Gaston Asseko doit faire l’objet d’un suivi médical.
Bien qu’aucun motif n’a été publiquement fourni pour justifier leur arrestation, tout porte à croire qu’il leur est reproché d’avoir participé, à Libreville, à une rencontre avec un représentant d’une ONG venu de Paris. Plus largement, les journalistes seraient inquiétés parce qu’ils reprennent les informations relatives à l’affaire des « biens mal acquis », en référence à la plainte déposée par deux ONG françaises contre le chef de l’État gabonais Omar Bongo Odimba et les présidents congolais et équato-guinéen, pour « recel de détournement de fonds publics ».
Reporters sans frontières rappelle que, le 11 mars 2008, « Tendance Gabon » avait été suspendu pour une durée de trois mois après avoir reproduit un article du quotidien français « Le Monde » sur le luxueux patrimoine immobilier du président Omar Bongo en France.
Le 31 décembre, Gaston Asseko et Léon Dieudonné Kougou avaient été rejoints à la PJ par trois autres personnes, interpellées elles aussi. Il s’agit de Marc Ona Essangui, président de l’ONG Brainforest et porte-parole de la coalition Publiez ce que vous payez (PCQVP), Georges Mpaga, membre de la coalition et président du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLGB), et Gregory Ngbwa Mintsa, citoyen gabonais, seul ressortissant africain à s’être porté partie civile aux côtés des ONG Transparency International France et Sherpa.
Le 2 janvier 2009, Reporters sans frontières avait écrit au président gabonais pour l’enjoindre à fournir des explications sur la détention des journalistes et membres de la société civile, et lui demander de veiller à ce que leurs droits soient respectés. L’organisation n’avait pas reçu de réponse.
Pour des informations complémentaires sur la suspension précédente de « Tendance Gabon », cliquer ici: http://ifex.org/en/content/view/full/91653