(RSF/IFEX) – Ganimat Zahidov et Azer Ahmedov, respectivement rédacteur en chef et directeur technique du quotidien d’opposition « Azadlig » ont été enlevés à Bakou par des inconnus, le 25 février 2005, vers 23h30 (heure locale), alors qu’ils sortaient des locaux du journal. Ils ont ensuite été menacés, passés à tabac et humiliés dans un restaurant, puis […]
(RSF/IFEX) – Ganimat Zahidov et Azer Ahmedov, respectivement rédacteur en chef et directeur technique du quotidien d’opposition « Azadlig » ont été enlevés à Bakou par des inconnus, le 25 février 2005, vers 23h30 (heure locale), alors qu’ils sortaient des locaux du journal. Ils ont ensuite été menacés, passés à tabac et humiliés dans un restaurant, puis contraints de signer des aveux dans un bureau de police du quartier Khatai de Bakou, le 26 février, à trois heures du matin. Ils ont ensuite été relâchés le même jour, vers 9h30.
« En seulement un mois, c’est le deuxième cas d’enlèvement de journalistes d’opposition dans des conditions particulièrement humiliantes et dégradantes », a déclaré RSF. « Nous sommes indignés par ces méthodes d’intimidation et nous condamnons fermement les violences que les journalistes ont subies pendant leur enlèvement, indices très inquiétants de la dégradation de la liberté de la presse. Nous demandons au président Ilham Aliev et au ministre de l’Intérieur, Ramil Usubov, que tous les moyens soient mis en oeuvre pour identifier et sanctionner rapidement les responsables », a affirmé l’organisation.
Lors d’une conférence de presse organisée le 26 février, Zahidov, rédacteur en chef d' »Azadlig », proche du Parti du Front Populaire (opposition), a expliqué qu’il se sentait menacé, une semaine avant son enlèvement. Un certain Maharram Ismailov, à bord d’une voiture de marque BMW, aurait abordé plusieurs personnes du journal, afin d’obtenir l’adresse personnelle du rédacteur en chef, proposant de rétribuer cette information. Peu de temps après, ce même homme aurait abordé directement Zahidov, invoquant un faux prétexte.
Zahidov a relaté son enlèvement. Alors que lui et Ahmedov sortaient des locaux d' »Azadlig », trois hommes athlétiques les ont obligés à entrer dans une voiture de couleur blanche. Les journalistes ont ensuite été emmenés au restaurant « Les trois palmiers », à Bakou. Conduits dans une pièce fermée à clé et privés de leurs téléphones portables, ils ont ensuite été rejoints par des prostituées qui ont été contraintes de se déshabiller, avant d’être passées à tabac. Les journalistes ont ensuite subi le même sort, les auteurs de l’enlèvement prenant des photos de la scène. Zahidov a précisé que lorsqu’ils ont été battus, leurs geôliers leur ont demandé de ne plus jamais publier d’articles critiques envers le président Aliev et de cesser d’évoquer les mutineries dans les prisons du pays.
Les journalistes ont ensuite été conduits, vers trois heures du matin, au bureau de police du quartier Khatai de Bakou et contraints de signer de fausses déclarations, sur ordre de deux policiers, selon lesquelles ils auraient été arrêtés pour conduite immorale dans un lieu public. Selon Zahidov, les policiers semblaient craindre subir des représailles de la part des agresseurs des journalistes.
Les deux collaborateurs d' »Azadlig » souffrent de multiples contusions, notamment aux yeux, et Zahidov s’est plaint de violentes douleurs abdominales. Lors de la conférence de presse du 26 février, le rédacteur en chef d' »Azadlig » a déclaré qu’il avait l’intention de porter plainte.
Le lendemain de l’incident, la chaîne progouvernementale TV Lider (contrôlée par Adalat Aliev, petit neveu d’Heidar Aliev) aurait rendu publiques certaines photos des journalistes nus, avec ce commentaire : « Voilà comment les journalistes d’opposition passent leur temps libre de façon immorale ». Ces photos auraient également été diffusées sur Internet. Le ministère de l’Intérieur a confirmé, le 28 février, l’interpellation des deux journalistes, expliquant qu’ils avaient été détenus pour conduite immorale dans le restaurant « Les trois palmiers » de Bakou.
Il s’agit du deuxième enlèvement de ce type en l’espace d’un mois. Akper Hasanov, du quotidien d’opposition « Monitor », avait été kidnappé et séquestré pendant près de cinq heures, le 2 février, au quartier général militaire de Bakou. Des militaires en civil l’avaient menacé et obligé à démentir par écrit un de ses articles publié dans « Monitor » le 29 janvier. Celui-ci abordait les conditions de vie déplorables d’une unité militaire de la région de Geranboy (consulter des alertes de l’IFEX des 4 et 3 février 2005).