(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est indignée par la condamnation pour « diffamation » de deux journalistes du quotidien « El Watan » à deux mois de prison. L’organisation s’inquiète par ailleurs de la décision qui devrait être rendue le 30 mai 2007 dans le procès d’Arezki Aït-Larbi, correspondant de plusieurs quotidiens étrangers en Algérie. « Tant que les autorités […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est indignée par la condamnation pour « diffamation » de deux journalistes du quotidien « El Watan » à deux mois de prison. L’organisation s’inquiète par ailleurs de la décision qui devrait être rendue le 30 mai 2007 dans le procès d’Arezki Aït-Larbi, correspondant de plusieurs quotidiens étrangers en Algérie.
« Tant que les autorités algériennes ne procéderont pas à la dépénalisation des délits de presse, les professionnels des médias travailleront toujours sous la menace d’être jetés en prison. Et puisque les plus hautes autorités du pays continuent de se montrer récalcitrantes à toute demande de réforme, nous lançons un appel aux juges qui ont à statuer dans des affaires de presse, pour qu’ils fassent preuve de courage et d’indépendance afin de protéger les journalistes et rétablir le droit à l’information », a déclaré Reporters sans frontières.
Omar Belhouchet, directeur de publication d' »El Watan », et son chroniqueur Chawki Amari ont été condamnés, le 27 mai 2007, à deux mois de prison ferme et à verser une amende d’un million de dinars (l’équivalent de 10 635 euros). Joint par Reporters sans frontières, leur avocat, Me Zoubeir Soudani, a soulevé de nombreuses irrégularités de procédure. Il a, par ailleurs, déploré la récente décision de la Cour suprême d’autoriser le dépôt d’une plainte aux lieux de distribution et non plus seulement au lieu de publication des journaux. Les deux journalistes ont d’ores et déjà fait appel de la décision. En décembre 2006, le tribunal de première instance de Jijel (360 km à l’est d’Alger) les avait condamnés, par défaut, à trois mois de prison suite à la plainte en « diffamation et outrage » déposée par le préfet de la ville, accusé de corruption dans les pages du journal quelques mois plus tôt. Les deux journalistes, n’ayant pas été informés de la plainte ni convoqués au tribunal, ont pu obtenir un nouveau jugement.
Par ailleurs, Jamal Belkadi, l’un des correspondants d' »El Watan » à Constantine (289 km à l’est d’Alger), a été brutalisé par le chef de la sûreté de la préfecture alors qu’il prenait des photos sur les lieux d’un attentat le 16 mai 2007. Son appareil photo lui a été confisqué et rendu deux jours plus tard. À sa grande surprise, le journaliste a été convoqué dans les locaux de la préfecture où il s’est vu notifier l’ouverture d’une infomation judiciaire. Poursuivi pour avoir « franchi le périmètre de sécurité », Jamal Belkadi devrait paraître prochainement devant un juge. Les autres journalistes qui étaient présents sur les lieux de l’attentat n’ont pas connu les mêmes problèmes.
Dans une autre affaire en « diffamation », le tribunal correctionnel d’Alger rendra son jugement le 30 mai 2007 dans le procès du journaliste Arezki Aït-Larbi, correspondant notamment des quotidiens français « Le Figaro » et « Ouest-France ». Une plainte avait été déposée par le directeur d’un pénitencier, accusé par le journaliste de sévices sur des prisonniers, dans un article publié en 1994. Arezki Aït-Larbi avait pris connaissance de cette plainte en mai 2006 après avoir fait une demande de renouvellement de son passeport, qui lui avait été refusée dans un premier temps. En avril 2007, le journaliste a été interpellé à l’aéroport d’Alger, en application d’un mandat d’arrêt datant de 1997: (consulter les alertes de l’IFEX du 2 mai 2007 et du 11 octobre 2006).