(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre d’État chargé de la Sécurité, l’intendant général Lassana Palenfo, RSF a protesté contre le placement en garde à vue de Yoro Koné et Khristian Kara, respectivement directeur de publication et journaliste du quotidien privé « Le Libéral ». Sans se prononcer sur les accusations portées par le quotidien contre […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre d’État chargé de la Sécurité, l’intendant général Lassana Palenfo, RSF a protesté contre le placement en garde à vue de Yoro Koné et Khristian Kara, respectivement directeur de publication et journaliste du quotidien privé « Le Libéral ». Sans se prononcer sur les accusations portées par le quotidien contre le général Robert Guéï, RSF a demandé au ministre de « tout mettre en oeuvre afin que les deux journalistes soient immédiatement libérés ». Selon Robert Ménard, secrétaire général de RSF, « cette arrestation marque une nouvelle étape dans la dégradation de la situation de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire ».
Selon les informations recueillies par RSF, Koné et Kara ont été placés en garde à vue le 2 août 2000 à la gendarmerie d’Abidjan. Ils ont été interpellés par la brigade de recherche de la gendarmerie, qui les a entendus dans le cadre d’une enquête pour « diffamation » envers le général Guéï. Cette garde à vue fait suite à la publication le même jour, d’un article écrit par Kara et intitulé « Pour financer sa future campagne électorale, Guéï signe lui-même un chèque de 850 millions ». Il s’inspirait d’une information diffusée sur le site Internet d’Africa Intelligence, le 7 juillet, accusant le général Guéï de gérer, de façon très personnelle, des fonds dont on ne connaîtrait pas l’origine exacte. L’enquête de police pour « diffamation » a été ouverte à la demande du général Guéï, mais celui-ci n’a pas encore déposé de plainte. Les deux journalistes devraient de nouveau être entendus par un officier de gendarmerie dans le courant de l’après-midi du 3 août.
C’est la seconde fois depuis le début de l’année que des journalistes du « Libéral », quotidien proche du Rassemblement des Républicains (RDR, dirigé par Alassane Ouattara), sont inquiétés. Le 6 juillet dernier, Koné et Emmanuel Etien Tanoh, photographe du « Libéral », ainsi que le comptable du journal, avaient été interpellés par des militaires, au siège du quotidien, puis conduits dans les locaux du ministère de la Communication. Les trois hommes avaient été contraints de faire des pompes et avaient été rudoyés par les militaires. Ils avaient été ensuite amenés devant le ministre, qui leur a reproché de prendre le risque, par leurs agissements, de » brûler la Côte d’Ivoire « . On leur reprochait la publication d’un article intitulé « 12 000 mutins pour 78 milliards », faisant référence à la mutinerie de soldats réclamant de l’argent à la junte au pouvoir. Les trois hommes avaient été libérés quelques heures plus tard (consulter l’alerte de l’IFEX du 7 juillet 2000).