(JED/IFEX) – Ci-dessous, une lettre de JED au Général Dénis Kalume Numbi, datée du 7 juin 2003: Kinshasa, le 07 juin 2003 Au Général Dénis Kalume Numbi Ministre honoraire A Kinshasa/Gombe Mon général, Concerne : utilisation abusive de la Force publique, enlèvement, séquestration, coups et blessures de deux journalistes Journaliste en danger (JED), organisation non […]
(JED/IFEX) – Ci-dessous, une lettre de JED au Général Dénis Kalume Numbi, datée du 7 juin 2003:
Kinshasa, le 07 juin 2003
Au Général Dénis Kalume Numbi
Ministre honoraire
A Kinshasa/Gombe
Mon général,
Concerne : utilisation abusive de la Force publique, enlèvement, séquestration, coups et blessures de deux journalistes
Journaliste en danger (JED), organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté de la presse et Réseau d’alerte de l’Organisation des médias d’Afrique centrale (OMAC) vient, par la présente lettre, élever une vive indignation et protestation contre l’utilisation abusive, par votre fils nommé Denis Kalume alias Nice, de la Force publique, enlèvement, séquestration, coups et blessures à l’endroit de Michel Mukebayi Nkoso et Sage-Fidèle Gayala Ngangu, respectivement directeur et rédacteur en chef du journal « Congo News » paraissant à Kinshasa.
Selon les témoignages recueillis par JED auprès des intéressés, le jeudi 5 juin 2003 à 15H00, une bénigne altercation a opposé, au siège de la rédaction du journal « Congo News » au premier niveau de l’immeuble Lunzadi, Rond point Forescom, à Kinshasa/Gombe, votre fils nommé Denis Kalume alias Nice à Mukebayi Nkoso et Gayala Ngangu. Les deux journalistes étaient en conseil de rédaction sur le balcon de leur rédaction quand M. Kalume a fait irruption venant d’un bureau voisin. Il y eut échange de paroles et discussion car les journalistes ont considéré que l’arrivée impromptue d’un inconnu dérangeait leur conseil.
Non content de la réaction des deux journalistes, votre fils est parti chercher cinq éléments des forces armées congolaises (FAC) dont quatre étaient en uniformes et armés qui ont embarqué les deux journalistes dans le coffre d’une Jeep de couleur grise. Pendant une dizaine de minutes, les deux journalistes rapportent qu’ils ont été déshabillés et battus pendant que la Jeep roulait avant d’être déposé au bas de leur immeuble. Les militaires leur reprochaient d’avoir « manqué du respect à l’endroit du fils d’un général ».
Quelques instants après, Gayala Ngangu, alors qu’il rentrait à la maison, a été suivi par le même véhicule jusqu’au niveau de la société des télécommunications « Congo Chine Télécom » où les occupants du véhicule l’ont embarqué de force. Le journaliste a constaté que le groupe était conduit par quelqu’un qui se faisait nommer « Major Kalume » et qui était en tenue de sport.
Gayala aurait été conduit en votre résidence de Kinshasa/Gombe, plus précisément derrière l’Institut supérieur de commerce (ISC) et non loin de l’école Flamboyant 1. Une fois dans la résidence, le journaliste a été conduit dans une pièce à gauche de l’entrée où il aurait été battu par un certain « DEMUTO » non autrement identifié au point qu’il aurait saigné du nez et de la bouche.
Après cette séance de bastonnade, le journaliste a été conduit au poste de la Police nationale congolaise situé derrière la direction générale de la société d’assurance SONAS, en diagonale de la société ex-Auto Bavaria, après que sa carte de presse eut été photocopiée et qu’on lui ait dit qu’on détenait ainsi ses coordonnées qui pourraient être utilisées contre lui s’il ébruitait cette affaire. Au poste de police, les militaires en faction en votre résidence ont dit que le journaliste avait « manqué de respect envers le fils du général » et que « le sang qu’il avait venait du fait qu’il s’était cogné à la maison ».
Général,
De tout ce qui précède, JED constate que votre fils s’est rendu coupable des faits jadis reprochés à la nomenklatura mobutiste. En effet, quelle que soit la faute des deux journalistes, nul n’a le droit de se faire justice ni en République démocratique du Congo, ni ailleurs. Dans le cas d’espèce, votre fils a usé des Forces combattantes mises à votre disposition par la Nation eu égard à votre rang, et payées par le contribuable congolais, pour se faire justice. Il a incité ainsi à l’enlèvement des deux journalistes, à la séquestration d’un journaliste dans un lieu privé qui se trouve être votre résidence, et à des coups et blessures.
Certes votre fils est majeur et l’infraction étant individuelle, il lui appartient de répondre tôt au tard, devant des juridictions nationales ou internationales de ses actes. JED s’adresse à vous parce que vous êtes le père et qu’en plus, les forces combattantes et le lieu utilisés pour commettre ces infractions répondent de vous.
Nonobstant toute action judiciaire qui serait entrepris à l’endroit de M. Denis Kalume dit Nice, nous vous demandons de vous désolidariser des actes indignes de votre rang qu’auraient posés votre fils. Pour cela, JED vous demande de présenter des excuses aux deux journalistes.
Par ailleurs, pour la crédibilité de notre système judiciaire, JED demande au Procureur général de la République, qui nous lit en copie, de se saisir sans délai de ce dossier pour sanctionner les coupables, civils ou militaires, conformément aux lois de la République.
Veuillez agréer, général, nos salutations distinguées.
Tshivis T. Tshivuadi
Secrétaire général
D. M’Baya Tshimanga
Président