Au lendemain du quatorzième anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo, et deux jours avant le huitième anniversaire de celui de Deyda Hydara, Reporters sans frontières dénonce les manœuvres qui gangrènent les enquêtes sur ces meurtres.
(RSF/IFEX) – 14 décembre 2012 – Au lendemain du quatorzième anniversaire de l’assassinat du journaliste burkinabé Norbert Zongo, et deux jours avant le huitième anniversaire de celui du journaliste gambien Deyda Hydara, Reporters sans frontières dénonce les manœuvres qui, à Ouagadougou et Banjul, gangrènent les enquêtes sur ces meurtres. L’organisation condamne l’impunité entretenue par les pouvoirs du Burkina Faso et de la Gambie.
« Justice sera-t-elle rendue un jour à Norbert Zongo et Deyda Hydara ? Depuis des années, les autorités burkinabés et gambiennes s’illustrent devant leur population et la communauté internationale par leur inertie, leurs mensonges, et leur absence totale de volonté de faire la lumière sur les meurtres de ces deux grands journalistes. A l’image des affaires Norbert Zongo et Deyda Hydara, l’impunité dont bénéficient les assassins d’hommes de médias en Afrique est l’un des pires fléaux pesant sur la liberté de l’information », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 13 décembre 1998, la découverte dans une voiture calcinée du corps de Norbert Zongo a profondément ému les sociétés burkinabé et africaines. Directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant, il enquêtait au moment de sa mort sur un meurtre lié à l’entourage du président Compaoré. L’enquête sur l’assassinat du journaliste a débouché sur un non-lieu et souffre depuis plusieurs années de l’inaction des autorités nationales. Au « pays des hommes intègres », la population et les confrères de Norbert Zongo attendent toujours que justice soit rendue. Plus d’informations sur cette affaire.
Deyda Hydara, assassiné par balles le 16 décembre 2004, était le cofondateur du quotidien privé The Point. Il avait également présidé le syndicat des journalistes gambiens, et était le correspondant de l’Agence France-Presse et de Reporters sans frontières en Gambie. L’enquête officielle sur sa mort n’a abouti qu’à d’invraisemblables hypothèses alors qu’il est prouvé que le journaliste était sous surveillance. Quelques semaines après son assassinat, le pouvoir gambien a mis en place un régime législatif parmi les plus répressifs d’Afrique de l’ouest qui a plongé les médias dans un climat de terreur. Plus d’informations sur la liberté de la presse en Gambie et sur l’affaire Deyda Hydara.
Alors que le réseau international pour la liberté d’expression (IFEX) mène une large campagne contre l’impunité et que l’Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ) vient de publier un rapport sur l’impunité en Somalie, pays le plus meurtrier pour la presse en Afrique, Reporters sans frontières appelle les Etats d’Afrique sub-saharienne, au premier rang desquels la République démocratique du Congo, la Somalie, le Nigéria et le Soudan du Sud, à faire de la justice dans les assassinats de journalistes l’une de leur priorités pour 2013.