(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste énergiquement contre le procédé ayant conduit Mamane Abou, directeur de publication de l’hebdomadaire privé « Le Républicain », et Oumarou Keita, l’un de ses journalistes, à être arrêtés et placés en garde à vue, suite à une plainte pour « publication de fausses nouvelles » et « diffamation » du gouvernement nigérien à l’encontre du […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste énergiquement contre le procédé ayant conduit Mamane Abou, directeur de publication de l’hebdomadaire privé « Le Républicain », et Oumarou Keita, l’un de ses journalistes, à être arrêtés et placés en garde à vue, suite à une plainte pour « publication de fausses nouvelles » et « diffamation » du gouvernement nigérien à l’encontre du journal.
« Faire arrêter les journalistes un vendredi pour être certain qu’ils passeront au moins le week-end en prison est une vieille ficelle, indigne d’une démocratie. Le gouvernement du Niger l’a utilisé une fois de plus contre « Le Républicain », de manière à punir un journal qui le dérange », a déclaré l’organisation.
« De plus, l’iniquité des lois prévoyant des peines de prison pour les délits de presse apparaît ici clairement. Face à la presse, le gouvernement dispose de la police, de la prison et des tribunaux pour régler ses comptes, tandis que les journalistes qui expriment une opinion ne peuvent que subir la loi des puissants. Mamane Abou et Oumarou Keita doivent être remis en liberté immédiatement, pour ne pas prolonger une injustice déclenchée par un procédé pervers », a ajouté Reporters sans frontières.
Mamane Abou et Oumarou Keita ont été arrêtés le 4 août 2006 à la mi-journée, placés en garde à vue et interrogés par un officier de la police judiciaire, après le dépot d’une plainte de l’Etat du Niger contre un article du « Républicain » publié le 28 juillet. Celui-ci, intitulé « Hama lâche l’Occident pour l’Iran » accusait le Premier ministre Hama Amadou de « courtiser à fond les Iraniens », risquant de provoquer une rupture avec les « chancelleries occidentales et de liquider toutes les entreprises appartenant aux Blancs ». Le procureur n’étant pas disponible avant le 7 août, les deux journalistes devaient patienter au commissariat central de Niamey pendant au moins 72 heures avant de pouvoir être déférés. Ils sont détenus dans les locaux de la police judiciaires dans des conditions correctes et peuvent recevoir des visites.
Mamane Abou, interrogé par téléphone sur son lieu de détention par Reporters sans frontières le 5 août, estime pour sa part que leur arrestation vise à punir « Le Républicain » pour avoir publié, en avril 2006, une enquête sur des malversations et des détournements de fonds au sein de l’administration. Cette enquête aurait déclenché un audit des bailleurs de fonds du Niger.