Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude pour deux journalistes enlevés le 9 mars 2014 à la frontière de la Crimée et dont on est toujours sans nouvelles, Olena Maksymenko et Oles Kromplyas.
Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude pour deux journalistes enlevés le 9 mars 2014 à la frontière de la Crimée et dont on est toujours sans nouvelles, Olena Maksymenko et Oles Kromplyas.
“Les forces qui contrôlent de facto la Crimée sont aujourd’hui responsables du sort de ces journalistes. Nous exigeons qu’elles fournissent immédiatement des informations quant à leur localisation et leur état de santé, et qu’elles les relâchent sans tarder”, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation.
“Nous sommes effarés par l’escalade quotidienne des exactions que subissent les acteurs de l’information dans la région. La Crimée est en train de devenir une zone de non-droit aux mains de bandes armées dont l’anonymat renforce l’impunité. La fréquence des attaques délibérées contre les journalistes et l’ampleur de la censure semblent traduire une volonté délibérée de transformer la région en un trou noir de l’information”, ajoute-t-il.
Olena Maksymenko, journaliste pour Oukraïnsky Tijden, a disparu en compagnie de Kateryna Butko et d’Aleksandra Ryazantseva, deux activistes du mouvement Auto-Maïdan favorable au nouveau gouvernement de Kiev. Leur véhicule, en provenance de la région de Kherson (voisine de la Crimée), a été stoppé le 9 mars vers 16 heures au checkpoint de Perekop. D’après les témoins, le poste de contrôle était tenu par des soldats russes, des “Berkut” (membres des anciennes forces anti-émeutes ukrainiennes, dissoutes après la fuite de l’ancien président Viktor Ianoukovitch) et des milices locales. Les soldats ont aperçu un tatouage favorable à Maïdan sur la main de l’une des trois jeunes femmes, puis en fouillant la voiture, ils ont découvert des symboles nationaux ukrainiens, des lettres et des appareils photo qu’ils ont dispersés sur la route. Un journaliste de Glavkom présent sur les lieux, Oleksiy Byk, a précisé qu’Olena Maksymenko portait un badge presse et qu’elle s’était identifiée comme journaliste. La dernière fois qu’il a aperçu les trois jeunes femmes, elles étaient à genoux près d’une tente militaire, les mains liées, puis elles ont été emmenées dans une direction inconnue.
Oleksy Byk a lui-même été interpellé peu après au même checkpoint, en compagnie du photographe freelance Oles Kromplyas et de son chauffeur, Ievhen Rakhno. Des soldats dépourvus de signe d’identification les ont emmenés après avoir trouvé dans leur voiture des appareils photo, qu’ils ont jetés à terre. Oleksy Byk a été relâché un peu plus tard grâce à l’intervention de son frère, qui est arrivé sur les lieux et a pu prouver qu’il était un résident de Crimée. Mais on reste sans nouvelles de l’autre journaliste et du chauffeur. Certains témoignages font état de la présence d’une troisième journaliste, qui aurait elle aussi disparue, mais Reporters sans frontières n’a pu confirmer cette information.
L’ensemble des chaînes de télévision ukrainiennes sont suspendues en Crimée depuis le 9 mars, à la seule exception de la chaîne scientifique Tonis. Leurs fréquences analogiques ont été attribuées à des chaînes nationales russes, et depuis le 10 mars, elles sont aussi exclues des fréquences numériques. Certains opérateurs câblés ont également commencé à cesser de retransmettre les chaînes ukrainiennes en Crimée. Si le vice-premier ministre de la République sécessionniste a invoqué des “raisons techniques”, le ministre de l’Information Dmitri Polonsky a lui justifié cette censure au nom de “principes moraux” et d’impératifs légaux.
Lire les précédents communiqués de Reporters sans frontières sur la situation en Crimée.