Il est reproché à "Kisangani News" et au "Journal de la paix" de fonctionner en violation de la loi du 22 juin 1996 sur la presse. Selon les directeurs des deux médias, l'interdiction est politique.
(JED/IFEX) – Kinshasa, le 10 janvier 2012 – « Kisangani News » et « Journal de la paix », deux journaux privés paraissant à Kisangani, chef-lieu de la province Orientale (est de la RDC), ont été interdits de parution depuis jeudi 5 janvier 2012 par M. Dominique Lekakwa, chef de division provinciale de la communication et des médias. Il est reproché à ces deux organes de fonctionner en « violation de la loi 96/002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse en RDC ».
Selon les informations parvenues à JED, cette mesure de suspension est intervenue une semaine après la convocation de M. Sébastien Mulumba, directeur de « Kisangani News », au domicile de M. Médard Autsai Asenga, gouverneur de province, au sujet d’une série d’articles critiquant la gestion du gouvernement provincial.
Quant au directeur du « Journal de la paix », Grégoire Ngubu, il a dit avoir été, en avril dernier, victime de plusieurs menaces proférées par l’entourage du gouverneur de province qui lui reprochait d’avoir publié un article accusant M. Médard Autsai Asenga de corrompre les députés provinciaux pour ne pas faire passer toutes les motions de défiance contre lui.
Contactés par JED, les deux responsables de ces organes ont déclaré que la mesure prise par le chef de division provinciale de la communication et des médias est politique. « C’est depuis 2009 que mon journal paraît. J’ai rencontré M. Dominique Lekakwa plus de cinq fois dans son bureau pour demander les documents. Nous avons payé tous les frais et déposé nos lettres de demande d’autorisation de parution. M. Lekakwa nous a autorisé de fonctionner en attendant qu’il transfert nos dossiers à Kinshasa. C’est depuis 2009 que nous paraissons et pourquoi avoir attendu ce temps pour être sanctionné par celui qui bloque nos dossiers ? », a ajouté M. Grégoire Ngubu.
M. Dominique Lekakwa a, à son tour, déclaré à JED que les deux journaux ont écopé d’une suspension préventive parce qu’ils n’ont jamais obtenu les documents leur permettant de fonctionner et ils n’ont jamais déposé des exemplaires de leurs parutions à la Division provinciale de la communication et des médias en violation de la loi 96/002 qui régit la presse en RDC.
Sans entrer dans le fond de cette affaire, JED demande aux autorités provinciales d’ordonner la reprise des activités de ces deux journaux et de leur accorder un délai de grâce nécessaire pour régulariser leurs dossiers administratifs.