En l'espace de deux semaines, deux journaux indépendants et d'opposition, "Alwan" et "Raï al-Shaab", ont été fermés par les forces de sécurité sans la moindre explication.
(RSF/IFEX) – Le 17 janvier 2012 – L’année 2012 commence au Soudan dans le même esprit que les précédentes : par des actes de censure. Dans ce pays qui dispose pourtant d’un paysage médiatique divers et d’une certaine liberté de parole, les autorités de Khartoum multiplient les mesures pour réduire au silence les publications qui les dérangent. En l’espace de deux semaines, deux journaux indépendants et d’opposition, Alwan et Raï al-Shaab, ont été fermés par les forces de sécurité sans la moindre explication.
« Les deux récentes suspensions de journaux démontrent que le gouvernement d’Omar el-Béchir n’est toujours pas décidé à rompre avec ses réflexes liberticides. Ces pratiques sont récurrentes et visent à réduire la presse au silence. Nous craignons que ces incidents ne soient que le début d’une série et appelons les autorités à mettre un terme à cette spirale répressive », a déclaré Reporters sans frontières, qui demande que ces deux quotidiens soient autorisés à reprendre leur publication sans délai.
Le 14 janvier 2012, la police soudanaise a fait irruption dans les locaux du quotidien en langue arabe Alwan. Les officiers ont procédé à la fermeture des locaux et ont procédé à l’inventaire du matériel, sans aucune explication. La veille, Hussein Khogli, rédacteur en chef du journal, avait appris la suspension de son quotidien au téléphone, après deux jours consécutifs de confiscation des exemplaires.
La décision de fermeture aurait été prise par Mohamed Atta, le directeur des forces de sécurité soudanaises (NISS – National Intelligence Security Services) et serait liée à la publication d’une interview de Madame Lubaba Alfadli, leader politique islamiste. Alwan avait déjà été victime d’une suspension similaire en 2008 et 2009.
Dix jours plus tôt, le 2 janvier, c’est le quotidien arabophone Raï al-Shaab, journal officiel du parti d’opposition Popular National Congress Party du Dr. Hasan Al-Turabi, qui était également la cible des autorités soudanaises. Outre la fermeture des locaux du quotidien, 15000 copies du journal avaient été confisquées chez l’imprimeur par des officiers de la NISS. Le directeur du journal, Nagi Dahab, n’a pour l’instant obtenu aucune explication des autorités.
Cette fermeture pourrait faire suite à la publication d’une interview du porte-parole du JEM (Justice and Equality Movement), Gibril Ibrahim, relatant les différences de traitement des prisonniers de guerre par le JEM et par le gouvernement. Le Centre soudanais des médias (SMC), site Internet affilié à l’Etat, justifie quant à lui ces mesures par un comportement du journal violant les standards éthiques et professionnels du code d’honneur journalistique.
Raï al-Shaab avait déjà été fermé sur décision de la NISS en 2010. Son rédacteur en chef adjoint, Abuzar Ali Al-Amin avait passé plusieurs mois en détention et avait subi des mauvais traitements. Le journal venait de reprendre ses publications, en octobre 2011, suite à une décision de la Cour annulant sa suspension.