Le Conseil national de la Communication a annoncé à la télévision publique nationale la suspension de la chaîne TV+ appartenant à M. Obame et de l'hebdomadaire privé Echos Du Nord, respectivement pour trois mois et deux mois.
(CPJ/IFEX) – Le 5 janvier 2012 – Le gouvernement du Gabon, dirigé par le président Ali Bongo, a imposé mardi dernier des suspensions à une station de télévision et un journal pour des reportages sur le chef de fil de l’opposition, André Mba Obame, selon des journalistes locaux et des médias.
Le Conseil national de la Communication (CNC) du Gabon a annoncé à la télévision publique nationale la suspension de la chaîne TV+ appartenant à M. Obame et de l’hebdomadaire privé Echos Du Nord, respectivement pour trois mois et deux mois, selon des médias.
Cette décision est fondée sur la diffusion par TV + dimanche dernier du discours de nouvel an de M. Obame. Au rappel, ce dernier s’était autoproclamé président et avait organisé une cérémonie d’investiture après avoir rejeté les résultats de l’élection présidentielle de 2009. M. Bongo a été déclaré vainqueur de ce scrutin, qui a été entaché par la censure politique des médias proches de l’opposition et des allégations de fraude électorale, selon des recherches du CPJ. Le CNC a sanctionné Echos du Nord pour avoir publié dans son édition de lundi dernier une transcription du discours de M. Obame, a dit au CPJ le directeur de publication dudit hebdomadaire, Désiré Ename, ajoutant que le journal n’a pas été auditionné préalablement à la décision tel que prescrit par la loi sur la presse du Gabon.
« Les suspensions imposées à TV + et à Echos du Nord pour avoir couvert les activités du chef de fil de l’opposition au Gabon constituent une censure politique », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous condamnons cette décision, qui sape davantage la crédibilité du CNC en tant qu’organe indépendant de régulation des médias », a-t-il martelé.
Mercredi dernier, dans son discours du nouvel an aux représentants des institutions gouvernementales, M. Bongo a demandé au CNC de sévir contre les « nombreux dérapages quotidiens qui sont la spécialité d’une certaine presse depuis plusieurs mois », selon des médias. C’est M. Bongo qui nomme trois des neuf membres du CNC, y compris son président, tandis que les présidents des deux chambres parlementaires, qui appartiennent au parti au pouvoir de M. Bongo, le Parti démocratique gabonais (PDG), nomment le reste. Depuis sa création sous le règne du père de M. Bongo, le défunt président Omar Bongo, le CNC est resté un outil de censure politique pour le parti au pouvoir, qui maintient son contrôle sur les médias et la politique du pays, selon des recherches du CPJ.
En octobre dernier, le CNC avait imposé des suspensions pour plusieurs mois à cinq journaux privés, notamment Ezombolo, La Griffe, La Voix du Peuple, Le Scribouillard et La Une, pour des violations présumées de l’éthique journalistique et des « appels incessants à l’insurrection et la division ethnique », selon des médias. En juin dernier, le CNC avait également suspendu Echos du Nord pour un mois pour avoir publié à la Une un article sur une plainte judiciaire d’un politicien de l’opposition mettant en doute l’authenticité de l’acte de naissance de M. Bongo fourni dans son dossier de candidature à l’élection de 2009, selon des médias et des journalistes locaux.