(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, le Lieutenant Général Moin-ud-din Haider, RSF a protesté contre l’agression de deux photographes de presse français par des policiers pakistanais dans la ville de Quetta (centre du Pakistan). « Si des sanctions ne sont pas prises rapidement contre les auteurs de cette agression, les relations entre […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, le Lieutenant Général Moin-ud-din Haider, RSF a protesté contre l’agression de deux photographes de presse français par des policiers pakistanais dans la ville de Quetta (centre du Pakistan). « Si des sanctions ne sont pas prises rapidement contre les auteurs de cette agression, les relations entre la presse étrangère et les services de sécurité pakistanais risquent de se dégrader très rapidement. C’est tout le gouvernement pakistanais qui en subirait alors les conséquences », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation a demandé au ministre fédéral de tout mettre en oeuvre pour que la plainte déposée par les photographes aboutisse. RSF s’est par ailleurs inquiétée de l’attitude des forces de l’ordre de Quetta qui interdisent aux journalistes étrangers de sortir de leur hôtel. « Nous vous demandons de bien vouloir réévaluer votre politique vis-à-vis de la presse internationale présente à Quetta. L’argument de la sécurité ne doit pas être un prétexte pour empêcher la presse de faire son travail », a indiqué Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, Patrick Aventurier et Vincent Laforêt, respectivement photographes pour l’agence Gamma et le quotidien américain « New York Times », ont été frappés, le 9 octobre 2001, par des policiers pakistanais à proximité d’une madrassa de Quetta. Les deux photographes suivaient l’ambulance qui transportait le corps d’un enfant tué lors d’une manifestation contre les frappes américaines et britanniques en Afghanistan. La famille et les fondamentalistes avaient exigé de la police qu’elle rende le corps de cet enfant tué le même jour dans un village proche de Quetta. Alors que le convoi arrivait à proximité d’une école coranique, des policiers portant des uniformes gris se sont jetés sur les deux photographes et les ont frappés à coups de bâton et de crosse de Kalachnikov.
Selon le témoignage de Aventurier, recueilli par RSF, « les policiers n’ont pas supporté que l’on prenne des photos de cet enfant tué d’une balle dans la tête. Je ne sais ce qu’ils ont à se reprocher, mais ils nous ont attaqués très violemment alors que les fondamentalistes n’étaient pas du tout agressifs. » Les deux photographes, accompagnés du consul du France à Quetta, ont déposé une plainte auprès du superintendant de police de Quetta.
Depuis une semaine, les autorités pakistanaises empêchent les nombreux journalistes étrangers séjournant au principal hôtel de Quetta de sortir. En raison des violentes manifestations dans la ville et aux alentours, la police et l’armée bloquent les quelque deux cents reporters venus couvrir le conflit entre les taliban et les Etats-Unis, depuis cette ville pakistanaise proche de la frontière afghane, et notamment du fief des taliban, Kandahar. Lors d’une récente manifestation, des protaliban avaient notamment lancé des pierres contre cet hôtel et tenté d’y mettre le feu. Certains journalistes étrangers ont signé une pétition pour exiger des autorités qu’elles les laissent sortir et travailler librement dans la ville. Ils étaient prêts à signer une dérogation dans laquelle ils dégageaient la police pakistanaise de toute responsabilité pour leur sécurité.