(RSF/IFEX) – RSF s’élève contre la destruction, par les hommes de main d’un potentat local, des studios de deux radios publiques de l’Etat d’Anambra, dans le sud-est du Nigeria. De plus, un photographe du quotidien « Vanguard » a été brutalisé par les gardes du corps de l’ancien chef de la sécurité du dictateur Sani Abacha. Ces […]
(RSF/IFEX) – RSF s’élève contre la destruction, par les hommes de main d’un potentat local, des studios de deux radios publiques de l’Etat d’Anambra, dans le sud-est du Nigeria. De plus, un photographe du quotidien « Vanguard » a été brutalisé par les gardes du corps de l’ancien chef de la sécurité du dictateur Sani Abacha. Ces deux atteintes à la liberté de la presse viennent s’additionner aux 72 incidents recensés par RSF depuis le mois de janvier 2004.
« La violence qui règne au Nigeria fait de ce pays l’une des plus importantes zones à risques d’Afrique pour les journalistes, a déclaré RSF. Et, dans les incidents que nous avons recensés ces jours-ci, l’impunité dont bénéficient certains personnages contribue à perpétuer ce climat extrême. Le président Olusegun Obasanjo devrait prendre la mesure de ce scandale, mettre bon ordre au sein de son parti et garantir des conditions de travail décentes aux journalistes nigérians ».
De violentes bagarres ont éclaté dans la soirée du 10 novembre dans la capitale de l’Etat d’Anambra, Awka, lors d’un rassemblement de partisans de l’homme politique Chris Uba. Des partisans de son ancien protégé, le gouverneur Chris Ngige, ont interrompu le meeting en conduisant une intervention musclée. Un témoin, cité par l’agence Reuters, a raconté qu’en représailles, un groupe de militants de Uba s’est alors attaqué à l’immeuble abritant la commission électorale de l’Etat.
Vers 3h00 du matin (heure locale), une centaine de militants de Uba ont ensuite pris d’assaut les locaux de la radio publique à Enugu-Ukwy et à Onitsha, brutalisant au passage les employés qui assuraient la permanence de nuit. Dans les deux cas, selon les témoignages recueillis par RSF, ceux-ci ont été ligotés et battus, avant que les militants de Uba ne mettent le feu aux bâtiments.
Ces saccages et ces brutalités sont le dernier épisode de la guerre fratricide que se livrent, au sein du People’s Democratic Party (PDP, au pouvoir) Uba et Ngige, depuis l’accession de ce dernier au poste de gouverneur en 2003. Elu avec le soutien de Uba, frère de l’un des plus influents conseillers du président Obansajo, Ngige a ensuite refusé de lui octroyer d’importants contrats publics.
Interrogé par Reuters, Ngige a accusé son rival d’avoir provoqué ces troubles, afin de pousser le Président à décréter l’état d’urgence dans l’Etat d’Anambra et à le destituer. Un scrutin municipal est prévu dans l’Etat le 18 décembre prochain, après avoir été reporté en avril dernier, étant donné les graves divergences des deux hommes au sein du PDP.
D’autre part, dans le bâtiment de la Haute Cour fédérale, à Ikeja (Lagos), le même jour, un photographe du quotidien « Vanguard » a été sérieusement brutalisé par des agents des renseignements militaires nigérians servant de gardes du corps au major Al-Mustapha, ancien chef de la sécurité du dictateur défunt Abacha (consulter l’alerte de l’IFEX du 12 novembre 2004). Diran Oshe avait été dépêché par son journal pour couvrir le procès du Major Al-Mustapha, accusé d’être impliqué dans la tentative d’assassinat d’Alex Ibru, directeur du quotidien « The Guardian ».
Oshe a voulu prendre une photographie du major Al-Mustapha à la sortie de l’audience, lorsque l’un de ses gardes du corps armés l’a agressé. Frappé plusieurs fois avec la crosse d’un fusil, le photographe a vu son appareil détruit par les hommes de main du militaire. Un vigile du bâtiment fédéral est intervenu et lui a permis de se libérer, le visage tuméfié et les vêtements déchirés.