(RSF/IFEX) – Alors qu’Aloys Kabura termine sa deuxième semaine de détention, Reporters sans frontières demande la libération du journaliste de l’Agence Burundaise de Presse (ABP, officielle), victime de vices de procédure et de manipulations de la part du procureur de la République de Kayanza (Nord). « Le cas d’Aloys Kabura est emblématique de ces affaires judiciaires […]
(RSF/IFEX) – Alors qu’Aloys Kabura termine sa deuxième semaine de détention, Reporters sans frontières demande la libération du journaliste de l’Agence Burundaise de Presse (ABP, officielle), victime de vices de procédure et de manipulations de la part du procureur de la République de Kayanza (Nord).
« Le cas d’Aloys Kabura est emblématique de ces affaires judiciaires instruites sous la pression des autorités policières et politiques. Il s’agit à l’évidence d’un acharnement visant à punir un journaliste indocile. Si la justice burundaise ne veut pas se rendre complice des abus de pouvoir et des manipulations qui ont conduit Aloys Kabura en prison, celui-ci doit être remis en liberté dès que possible », a déclaré Reporters sans frontières.
Le journaliste a été arrêté et incarcéré le 31 mai 2006 pour avoir, dans un bar de la ville, « tenu, devant témoins, le 21 avril, des propos diffamatoires sur le régime », selon le procureur Jean Paul Manwagari. Or, la procédure ayant mené à son emprisonnement n’est pas conforme à la loi: l’infraction qui lui était initialement reprochée est réprimée par une sanction pénale de 2 mois ou de 5000 francs burundais (environ 5 $US), alors que la mise en détention préventive ne s’applique, selon le code de procédure pénale, qu’en cas d’infraction donnant lieu à une sanction pénale d’au moins un an. Après s’être rendu compte que la victime était détenue illégalement, le procureur de la République a émis le 5 juin un mandat d’arrêt antidaté sur le jour de l’arrestation, comportant d’autres infractions.
Aloys Kabura est désormais accusé de « rébellion », d' »outrages » et d' »imputations dommageables ». Le procureur de la République soutient que l’envoi du premier mandat résulte d’une erreur de secrétariat.
« Les médias burundais estiment ce cas difficile à défendre, parce qu’il s’agit d’une mise en accusation pour des propos tenus dans un cadre officieux. Seule la radio privée Isanganiro s’est étonnée de la lenteur du délai de comparution », souligne un responsable de la Ligue burundaise des droits de l’homme, interrogé par Reporters sans frontières. Selon l’association Avocats sans Frontières, celle-ci pourrait prendre la défense du journaliste dont une « audience de confirmation de détention préventive » est prévue le 16 juin.