Le Service Central de Recherche et d’Investigations Criminelles (SCRIC) de la gendarmerie a arrêté le directeur de publication du journal, Carlos Komlanvi Kétohou, devant sa famille. Le journaliste a dit que les forces de l’ordre l’ont interrogé à propos d'un article et de ses sources.
Cet article a été initialement publié sur mfwa.org le 8 janvier 2021.
La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), institution en charge de la régulation des médias au Togo a demandé à un tribunal de retirer le récépissé de parution du journal hebdomadaire L’Indépendant Express, dont le directeur a été arrêté pour publication d’un article considéré diffamatoire des membres du gouvernement.
La demande avait été formulée le 4 janvier à la justice suite à la publication de l’article intitulé « Scoop de fin d’année : Femmes ministres interpellées pour vol de cuillères dorées » dans la parution 545 du 29 décembre dernier dudit journal, accusant des femmes ministres d’avoir dérobé des cuillères dorées lors d’une réception.
Dans la nuit du 30 décembre 2020, le Service Central de Recherche et d’Investigations Criminelles (SCRIC) de la gendarmerie a arrêté le directeur de publication du journal, Carlos Komlanvi Kétohou, devant sa famille. Le journaliste a dit que les forces de l’ordre l’ont interrogé à propos de l’article et de ses sources. Ils ont aussi saisi son téléphone et lui ont obligé de révéler les mots de passe de ses comptes d’e-mail et des réseaux sociaux.
Le journaliste a été relâché le 2 janvier et convoqué le même jour par la HAAC qui l’a auditionné, en présence du président du Patronat de la presse togolaise (PPT), Isidore Sassou Akollor. « Cet article constitue des violations graves des règles de déontologie et d’éthique de la profession de journaliste », a dit la HAAC dans un communiqué publié le 4 janvier. Et de souligner que « au cours de l’audition, le Directeur de publication de l’hebdomadaire, L’Indépendant Express, n’a pu apporter aucune preuve des affirmations contenues dans cet article, notamment la date et le lieu précis du déroulement des faits évoqués ».
La HAAC, dans son communiqué a demandé à la justice de procéder au retrait du récépissé du journal, se fondant sur l’alinéa 2 de l’article 63 du Code de la presse et de la communication au Togo, relatif au refus délibéré de respecter le professionnalisme, la déontologie et l’éthique.
Le Patronat de la Presse Togolaise (PPT), dont est membre le Directeur de publication de L’Indépendant Express, Carlos Kétohou, juge la décision de la HAAC, « trop excessive ».
Le Togolais Dany Ayidah, Directeur résident de National Démocratic Institute (NDI) en République Démocratique du Congo et membre du mouvement « Engagement pour un avenir apaisé », fait remarquer à la suite de cette décision de la HAAC, que « La presse togolaise risque aussi de disparaitre ou voir toutes ses prérogatives retirées. Il y aura toujours l’autocensure. Les gens auront peur de publier des articles qui dérangent, les gens ne pourront pas creuser dans les affaires qui dérangent, et finalement, puisque les juges ont tendance à protéger les plus forts, c’est l’État de droit qui va en pâtir ».
Kétohou est convoqué à comparaitre devant le juge président de la cour des magistrats de Lomé le 11 janvier à 9 heures sur la plainte de la HAAC contre le journal.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest se dit consternée par l’arrestation et la détention de Kétohou pour une allégation de délit de presse, qui d’après la législation togolaise, est régi par le code civil et non des procédures pénales. Nous aurions espéré que la HAAC joue son rôle de médiateur entre le journal et les prétendant avoir été diffamées par ladite publication. Ayant échoué de faire cela, la HAAC a plutôt choisi de se constituer en plaignant, la HAAC a abandonné sa responsabilité de médiation pour protéger les médias contre les poursuites légales. Nous appelons la HAAC a retiré sa plainte. Nous appelons aussi les autorités du Togo à permettre à Carlos Kétohou et le journal L’Indépendant Express d’opérer sans aucune forme d’harcèlement.