(RSF/IFEX) – Hassan Bility, rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé « The Analyst », accusé de collaboration avec les rebelles du Liberians United for Reconciliation and Democracy (LURD), est porté disparu depuis le 1er juillet 2002. Il avait été arrêté le 24 juin, avec deux autres personnes non identifiées, par des agents de la sécurité. Extrêmement préoccupée […]
(RSF/IFEX) – Hassan Bility, rédacteur en chef de l’hebdomadaire privé « The Analyst », accusé de collaboration avec les rebelles du Liberians United for Reconciliation and Democracy (LURD), est porté disparu depuis le 1er juillet 2002. Il avait été arrêté le 24 juin, avec deux autres personnes non identifiées, par des agents de la sécurité.
Extrêmement préoccupée par la situation, RSF a saisi le Président du groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires des Nations unies, Diego Garcia Sayan. « Nous vous demandons d’intervenir de toute urgence auprès du gouvernement libérien », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous craignons que ce journaliste, connu pour son ton très critique envers le président Charles Taylor, n’ait été torturé à mort ».
Le 28 juin, RSF avait demandé au ministre libérien de l’Information, Reginald Goodridge, de fournir rapidement des preuves des accusations contre le journaliste, ou bien de le libérer. « Nous espérons que l’accusation de complot n’est pas un prétexte utilisé pour faire taire un journaliste particulièrement critique et virulent envers le pouvoir en place », avait écrit Ménard. À ce jour, l’organisation n’a reçu aucune réponse des autorités.
Selon les informations recueillies par RSF, le Centre national des droits de l’homme au Liberia (NHRC), un regroupement d’organisations locales, a demandé au gouvernement de montrer les corps morts ou vifs des trois détenus, en vertu de l’habeas corpus. Les 1er et 2 juillet, les autorités ont été incapables de présenter les trois hommes devant un tribunal de Monrovia, saisi par ces organisations. Le 2 juillet, le ministère public a déclaré que les accusés n’étaient plus détenus par le gouvernement.
Le ministre Goodridge avait déclaré, peu après leur arrestation le 24 juin, que Bility était détenu dans les locaux de l’Agence de la sécurité nationale (NSA) à Monrovia. Selon le ministre, il est une « figure centrale parmi ceux qui dirigent des cellules à Monrovia en collaboration avec les terroristes du LURD et leurs supporters aux États-Unis », dans le but d’assassiner le président Taylor. Les autorités avaient annoncé qu’elles avaient collecté plusieurs courriers électroniques envoyés ou reçus par le journaliste et qui prouveraient ses liens avec les rebelles. Le porte-parole du LURD, à l’étranger, a déclaré que le journaliste n’était « ni un membre du mouvement, ni même un sympathisant ». Selon lui, Bility était également très critique envers le LURD.
RSF a rappelé qu’en février, quatre journalistes de « The Analyst » avaient déjà été interpellés pendant vingt-quatre heures en raison de plusieurs articles qui, selon les autorités, allaient « contre la paix » et « [empoisonnaient] l’esprit du peuple ». Par ailleurs, le 26 avril, la police avait perquisitionné les locaux du journal et ordonné sa fermeture (consulter des alertes de l’IFEX du 29 avril, 22 et 13 février 2002. Le président de la République avait personnellement autorisé son retour dans les kiosques, un mois plus tard.