"Il s'agit pour le gouvernement de Paul Kagamé de salir la réputation de Gasasira et de rendre son retour au pays impossible", a déclaré RSF.
(RSF/IFEX) – Le 29 avril 2011 – Reporters sans frontières est consternée par l’acharnement des autorités rwandaises contre l’une de leurs bêtes noires, Jean Bosco Gasasira, directeur du bimensuel Umuvugizi, figure du journalisme critique au Rwanda. Le 28 avril 2011, à l’issue d’un procès tenu en l’absence de l’accusé, contraint à l’exil depuis plusieurs mois, et sans avocat de la défense, le ministère public a requis devant la Cour suprême un emprisonnement de dix ans contre le journaliste, alors même que celui-ci avait été blanchi par la Haute Cour, en septembre 2010.
Jean Bosco Gasasira est poursuivi pour trois chefs d’accusation : « propagation de rumeurs appelant les populations à la désobéissance civile », « lèse-majesté à l’égard du président de la République » et « violation délibérée de la loi régissant les médias au Rwanda ». La Cour suprême, autorité dont les décisions sont sans appel, annoncera sa décision le 27 mai prochain.
La justice rwandaise, aux ordres des plus hautes autorités de l’Etat, semble décidée à condamner ce journaliste à tout prix. Il s’agit pour le gouvernement de Paul Kagamé de salir la réputation de Jean Bosco Gasasira et de rendre son retour au pays impossible. Nous demandons à la Cour suprême de suivre la dernière décision de la Haute Cour et de ne pas le condamner.
Dans le collimateur des autorités depuis plusieurs années, Jean Bosco Gasasira a été régulièrement poursuivi en justice et harcelé. Le 13 avril 2010, le journal Umuvugizi avait été suspendu pour six mois. Alors que la tension autour de l’élection présidentielle d’août 2010 montait, le journaliste, décidé à poursuivre ses activités, avait choisi le chemin de l’exil et opté pour le lancement d’une version en ligne de son journal. Avec ses publications sur Internet, Jean Bosco Gasasira reste un élément gênant pour Kigali. Le 3 juin 2010, le site avait été bloqué suite à une décision du Haut Conseil des médias rwandais, un précédent inquiétant pour la circulation de l’information en ligne dans le pays.
Reporters sans frontières rappelle que deux femmes journalistes, Agnès Uwimana Nkusi, directrice du bimensuel privé Umurabyo, et Saidath Mukakibibi, l’une de ses employées, ont été condamnées, le 4 février dernier, à dix-sept et sept ans de prison. L’organisation demande leur libération immédiate et sans conditions.