(RSF/IFEX) – Le 4 août 2004, les autorités bélarusses ont ordonné l’arrêt de l’impression du quotidien indépendant « Narodnaya Volya » jusqu’à ce que la rédaction ait dédommagé l’ancien directeur de la télévision d’Etat, Yahor Rybakov, et l’homme d’affaires Sergei Atroschenko. Par ailleurs, le 2 août, le ministère de l’Information a annoncé la fermeture de l’hebdomadaire d’opposition […]
(RSF/IFEX) – Le 4 août 2004, les autorités bélarusses ont ordonné l’arrêt de l’impression du quotidien indépendant « Narodnaya Volya » jusqu’à ce que la rédaction ait dédommagé l’ancien directeur de la télévision d’Etat, Yahor Rybakov, et l’homme d’affaires Sergei Atroschenko.
Par ailleurs, le 2 août, le ministère de l’Information a annoncé la fermeture de l’hebdomadaire d’opposition « Rabochaya Solidarnost », en conséquence de la dissolution par la Cour suprême du Parti biélorusse du travail, fondateur du journal.
RSF est scandalisée par ces décisions contraires au droit des citoyens de recevoir une information indépendante, en particulier à l’approche d’échéances électorales. Ces décisions constituent des attaques contre la presse indépendante, alors que celle-ci est déjà fort mise à mal dans le pays. « Tous les moyens sont utilisés pour faire taire les voix non conformes à l’idéologie présidentielle », a déclaré l’organisation.
Le 4 août, l’imprimerie Krasnaya Zvezda (l’étoile rouge) a reçu l’ordre de suspendre l’impression du journal « Narodnaya Volya ». La veille, le tribunal régional avait procédé à la saisie de matériel appartenant à la rédaction du journal. Le rédacteur en chef, Iosif Seredich, a précisé lors d’une conférence de presse, le 5 août, que le montant des saisies était supérieur aux dommages et intérêts réclamés pour Atroschenko, qui constituent pourtant leur justification officielle.
De plus, le journal doit publier un démenti, alors même que Yahor Rybakov est actuellement détenu pour corruption. Rybakov est derrière les barreaux depuis plusieurs mois. Le procureur général a annoncé la saisie de 500 000 $US que l’ancien directeur de la télévision a obtenu illégalement. 100 000 $US avaient déjà été saisis. « Et nous devrions publier un article déclarant qu’il est « l’homme le plus honnête du monde » », a déclaré Seredich.
Le 31 mai, les juges de la Cour suprême du Bélarus avaient confirmé la condamnation en première instance du 17 novembre 2003, le quotidien devant payer l’équivalent de 20 000 euros (environ 24 500 $US) de dommages et intérêts au directeur de la télévision d’Etat pour « diffamation ». Rybakov reprochait au journal la publication en octobre 2001 d’une interview de Eleonora Yazerskaya l’accusant de mauvaise gestion.
Par ailleurs, l’hebdomadaire d’opposition « Rabochaya Solidarnost » est maintenant officiellement fermé.
Le prétexte aujourd’hui invoqué est la dissolution, par la Cour suprême, du Parti biélorusse du travail (PBT), fondateur du journal. Selon le ministère de l’Information, le fondateur de « Rabochaya Solidarnost » ayant disparu, le journal cesse alors d’exister.
« Rabochaya Solidarnost » avait été suspendu pour une durée de trois mois sur décision du ministre de l’Information, le 3 juin 2004, pour « violation de la loi sur les médias ».
Ce dernier avait ordonné la suspension du journal sous prétexte de non-communication des nouvelles coordonnées de l’hebdomadaire aux autorités.
Alexandre Bukhvostov, leader du PBT et fondateur du journal, avait déclaré à RSF que l’hebdomadaire était poursuivi parce qu’il critiquait la Fédération des syndicats du Bélarus, progouvernementale.
Dans son Rapport annuel 2004, RSF a dénoncé le harcèlement administratif contre la presse indépendante jugée trop critique envers le régime d’Alexandre Loukachenko. Le Président bélaruse a été classé par l’organisation parmi les 37 « prédateurs de la liberté de la presse » dans le monde. En 2003, les autorités ont suspendu et sanctionné en série plus de dix journaux, empêché une quinzaine de médias indépendants de paraître et fait fermer plusieurs organisations de défense des droits de l’homme qui fournissaient une aide précieuse aux médias.