A l'approche de l'élection présidentielle du 5 avril 2014, RSF publie un rapport d'enquête intitulé "Élection présidentielle en Afghanistan : les médias locaux en première ligne", fruit d'une mission d'enquête réalisée en septembre 2013 dans le nord du pays.
A l’approche de l’élection présidentielle du 5 avril 2014, Reporters sans frontières publie un rapport d’enquête intitulé « Élection présidentielle en Afghanistan : les médias locaux en première ligne », fruit d’une mission d’enquête réalisée par Reporters sans frontières en septembre 2013 dans les provinces de Parwan, Kapissa et du Panshir, dans le nord du pays. Reporters sans frontières y dresse un bilan de la situation de la liberté d’information dans le pays alors que les médias vont être amenés à jouer un rôle crucial dans la couverture de ce scrutin, malgré les incertitudes et dangers auxquels ils doivent faire face au quotidien et à l’aune du retrait des troupes étrangères.
« La crédibilité de la prochaine présidentielle afghane est cruciale à l’approche du départ des troupes de la coalition menée par les Etats-Unis. Face aux risques de fraude et de corruption, le rôle des médias sera déterminant tant comme source d’informations pour la population qu’en tant qu’observateurs d’un scrutin libre et démocratique, » déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
« Reporters sans frontières a élaboré des préconisations précises à l’attention des autorités qu’elle interpelle quant à leur devoir d’assurer la sécurité des journalistes. Ce rapport est également destiné aux principaux candidats, qui doivent prendre des engagements clairs pour enraciner durablement la liberté d’information dans le quotidien des Afghans » ajoute-t-il.
A l’occasion de cette mission, Reporters sans frontières a lancé une campagne d’information visant à préparer et à protéger les acteurs de l’information en période électorale. Les journalistes locaux sont de plus en plus souvent victimes d’attaques et de menaces en raison de leur travail d’information. Depuis le début de la campagne électorale, lancée début février, l’organisation a recensé une vingtaine d’agressions et de menaces dans les différentes provinces, notamment dans les villes de Kaboul, Hérât et Mazâr-e Charîf, y compris de la part de proches de candidats à la présidence.
Le Guide pratique du journaliste en période électorale, publié en partenariat avec l’Organisation internationale de la Francophonie et destiné aux professionnels amenés à couvrir une période sensible et majeure de la vie démocratique afghane, a été traduit en persan et en pachtoune. Il a été distribué aux journalistes afghans ayant participé à une formation menée par l’organisation à Kaboul ainsi qu’à une quarantaine de journalistes du nord du pays, réunis en septembre dans la ville de Sayad, dans la province de Kapissa.
Il est disponible sur le site de RSF :
Le rapport dénonce l’impunité dont jouissent les auteurs des exactions à l’encontre des journalistes, qui surviennent en majorité hors de la capitale. Depuis 2002, au moins 19 professionnels des médias ont payé de leur vie leur travail d’information. Les femmes journalistes sont particulièrement visées par des actes de violence et d’intimidation. Le pays compte actuellement trente directrice de médias, majoritairement privés. Malgré l’obligation pour le gouvernement de respecter un taux de 30% de fonctionnaires féminins, aucun des directeurs des 68 médias gouvernementaux n’est une femme.
Reporters sans frontières analyse également le dynamisme et les incertitudes du paysage médiatique afghan, en lien avec leur situation économique et le retrait des forces internationales.
Dans ses recommandations à l’intention des autorités afghanes, Reporters sans frontières insiste sur la nécessité de relancer les enquêtes sur les assassinats de journalistes et les agressions les plus graves, restés impunis. L’organisation appelle notamment les autorités à davantage de collaboration avec la justice, afin que les auteurs de crimes soient punis dans les plus brefs délais. Elle leur demande d’adopter avant les élections la loi sur l’accès à l’information. Enfin, Reporters sans frontières exhorte le gouvernement et les autorités religieuses à défendre et à promouvoir le droit des femmes journalistes à exercer leur profession au même titre que les hommes, y compris dans les médias audiovisuels.