(RSF/IFEX) – Lors de sa visite hebdomadaire à la prison, la famille du cyberdissident Zouhair Yahyaoui a appris qu’il avait débuté, quelques jours plus tôt, une nouvelle grève de la faim pour exiger sa libération. « C’est sans surprise que l’on constate que le régime tunisien profite de la focalisation des médias internationaux sur la guerre […]
(RSF/IFEX) – Lors de sa visite hebdomadaire à la prison, la famille du cyberdissident Zouhair Yahyaoui a appris qu’il avait débuté, quelques jours plus tôt, une nouvelle grève de la faim pour exiger sa libération.
« C’est sans surprise que l’on constate que le régime tunisien profite de la focalisation des médias internationaux sur la guerre en Irak pour accentuer les pressions sur certains détenus politiques comme Zouhair Yahyaoui. C’est honteux ! Nous réitérons notre demande au chef de l’Etat : la libération immédiate et inconditionnelle de Zouhair Yahyaoui ainsi que celle de Hamadi Jebali, emprisonné depuis 1991 », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Selon sa famille qui lui a rendu visite à la prison de Borj el Amri (située à 30 km de Tunis) le 3 avril 2003, le cyberdissident n’arriverait plus à se déplacer normalement étant donné son état de faiblesse. Il a, en effet, déclaré qu’il avait entamé une nouvelle grève de la faim. Nourriture souillée par les gardiens, lecture interdite, correspondance volée, promenade quotidienne supprimée, menaces des geôliers : le jeune homme ne supporte plus ses conditions de détention qui se sont dégradées ces dernières semaines. Accusé d’avoir incité d’autres détenus à entamer une grève de la faim, il a été également mis au cachot durant deux jours (vraisemblablement la semaine passée) avec, pour toute nourriture, du pain rassis. Sa famille l’a trouvé extrêmement amaigri et déprimé.
Du 17 au 30 janvier, Yahyaoui avait déjà observé une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention et demander sa libération.
Le 10 juillet 2002, Yahyaoui a été condamné, par la cour d’appel de Tunis, à deux ans de prison pour « propagation de fausses nouvelles ». Il avait été arrêté, le 4 juin, par plusieurs policiers en civil dans un cybercafé. Au cours de son interrogatoire, il avait subi trois séances de « suspension », méthode de torture où la personne est suspendue par les bras, avec les pieds touchant à peine le sol.
Yahyaoui écrivait sous le pseudonyme « Ettounsi » qui signifie le Tunisien en arabe. Il avait fondé le site TUNeZINE en juillet 2001 pour diffuser des informations sur la lutte en faveur de la démocratie et des libertés en Tunisie, et publiait en ligne des documents de l’opposition. Il avait été le premier à diffuser la lettre dénonçant le système judiciaire du pays adressée au président de la République par le juge Mokhtar Yahyaoui.
Jebali, directeur de l’hebdomadaire « Al Fajr », organe du mouvement islamiste An Nahda, est emprisonné depuis 1991. En 1992, il avait été condamné par la Cour militaire de Tunis à seize ans de prison pour « agression dans l’intention de changer la nature de l’Etat » et « appartenance à une organisation illégale ». Il venait de purger une peine d’un an de prison pour avoir publié un article qui critiquait le système des tribunaux militaires. A la mi-mars, le journaliste a été transféré de la prison de Bizerte à la prison de Sfax.
De la mi-janvier à la mi-février 2003, le journaliste avait également jeûné pour protester contre ses conditions de détention et exiger sa libération.