(RSF/IFEX) – Zouhair Yahyaoui, fondateur du site TUNeZINE (www.tunezine.com), emprisonné depuis le 4 juin 2002, a mis un terme a sa grève de la faim débutée le 17 janvier 2003. De son côté, Hamadi Jebali, directeur de l’hebdomadaire « Al Fajr », organe du mouvement islamiste An Nahda, et emprisonné depuis 1991, poursuit la sienne, commencée le […]
(RSF/IFEX) – Zouhair Yahyaoui, fondateur du site TUNeZINE (www.tunezine.com), emprisonné depuis le 4 juin 2002, a mis un terme a sa grève de la faim débutée le 17 janvier 2003. De son côté, Hamadi Jebali, directeur de l’hebdomadaire « Al Fajr », organe du mouvement islamiste An Nahda, et emprisonné depuis 1991, poursuit la sienne, commencée le 13 janvier. Malgré les appels qui se multiplient en Tunisie et à l’étranger en faveur de leur libération, les autorités tunisiennes continuent d’afficher indifférence et mépris à l’égard des deux hommes.
Aujourd’hui, force est de constater que les Tunisiens, pour demander que leurs droits soient respectés, n’ont d’autre choix que d’observer une grève de la faim et mettre ainsi leur santé en péril. Le journaliste Taoufik Ben Brik et l’avocate Radhia Nasraoui en sont les derniers exemples. RSF demande aux autorités tunisiennes la libération immédiate et inconditionnelle de Yahyaoui et Jebali.
Le 30 janvier, Yahyaoui a cessé sa grève de la faim débutée le 17 janvier. Malgré ses demandes répétées de soins auprès de l’autorité pénitentiaire, il n’avait pas pu obtenir de traitement pour soulager ses maux de têtes et ses douleurs aux gencives. Il entendait protester contre ses conditions de détention déplorables. Sa famille, qui lui rend visite tous les jeudis, avait rapporté, le 27, que son état de santé était très préoccupant. Yahyaoui est incarcéré à la prison de Borj el Amri, située à 30 km de Tunis, où il partage une cellule avec une centaine de détenus.
Le 10 juillet 2002, Yahyaoui a été condamné, par la cour d’appel de Tunis, à deux ans de prison pour « propagation de fausses nouvelles ». Il avait été arrêté, le 4 juin, par plusieurs policiers en civil dans un cybercafé. Au cours de son interrogatoire, il avait subi trois séances de « suspension », méthode de torture où la personne est suspendue par les bras, avec les pieds touchant à peine le sol.
Yahyaoui écrivait sous le pseudonyme « Ettounsi » qui signifie « le Tunisien » en arabe. Il avait fondé le site TUNeZINE en juillet 2001 pour diffuser des informations sur la lutte en faveur de la démocratie et des libertés en Tunisie, et publiait en ligne des documents de l’opposition. Il avait été l’un des premiers à diffuser la lettre dénonçant le système judiciaire du pays adressée au président de la République par le juge Mokhtar Yahyaoui.
Jebali, emprisonné depuis 1991, a débuté une grève de la faim le 13 janvier pour protester contre ses conditions de détention. En 1992, il avait été condamné par la Cour militaire de Tunis à seize ans de prison pour « agression dans l’intention de changer la nature de l’État » et « appartenance à une organisation illégale ». Il venait de purger une peine d’un an de prison pour avoir publié un article qui critiquait le système des tribunaux militaires. Détenu à la prison de Bizerte (nord du pays), le journaliste souffre d’insuffisance cardiaque. La famille du journaliste a récemment fait état de la surveillance de leur domicile, à Sousse (sud-est du pays), en précisant que les personnes qui venaient leur rendre visite étaient interrogées par des policiers en civil.