Dans ses reportages, William Davison n'hésitait pas à aborder des sujets sensibles comme la corruption ou la restauration de l'état d'urgence le 16 février dernier.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 14 mars 2018.
Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’expulsion du journaliste britannique William Davison, correspondant de longue date en Ethiopie, après le refus des autorités de lui renouveler son accréditation.
Il aura fallu quelques heures seulement pour que le correspondant à Addis-Abeba de Bloomberg et The Guardian, William Davison, soit expulsé d’Ethiopie, pays où il travaillait comme journaliste depuis sept ans. Contacté le lundi 5 mars par les services de l’immigration puis interpellé à son domicile le lendemain matin, il a été contraint de prendre un avion le soir même, sous peine de passer la nuit dans la cellule d’un commissariat.
William Davison effectuait depuis plusieurs mois des démarches pour obtenir le renouvellement de son accréditation. Au terme de multiples allers-retours entre le bureau des Affaires de communication du gouvernement (GCAO), le ministère des Affaires étrangères et le département en charge de l’immigration, sa demande a finalement été refusée. « Nous n’avons rien contre ce journaliste mais il doit remplir toutes les étapes de la procédure pour obtenir son accréditation » s’est contenté de commenter le bureau des Affaires de communication du gouvernement (GCAO) joint par RSF.
Dans ses reportages, William Davison, qui dirige également l’association de la presse étrangère en Ethiopie, n’hésitait pas à aborder des sujets sensibles comme la corruption ou la restauration de l’état d’urgence le 16 février dernier.
« L’expulsion pure et simple d’un correspondant étranger établi depuis de longues années est incompréhensible et inacceptable, dénonce RSF. Multiplier les contraintes administratives pour entraver le travail des journalistes, expulser ceux qui connaissent le mieux le pays ne permettra pas à l’Ethiopie de sortir de sa crise politique. Le gouvernement doit comprendre que les journalistes ne sont pas des acteurs subversifs mais des témoins essentiels qui permettent simplement d’informer les populations. »
Le 14 février dernier, la libération de deux journalistes après sept ans d’emprisonnement, semblait avoir marqué une accalmie dans un climat répressif. Mais la restauration deux jours plus tard de l’état d’urgence, six mois après la levée du précédent, permet de nouveau aux autorités de restreindre les libertés de mouvement et de communication. La loi d’exception complique un peu plus le travail des journalistes, qui doivent régulièrement obtenir des lettres de mission tamponnées par le bureau des Affaires de communication du gouvernement (GCAO) en plus de leur carte de presse afin de ne pas être inquiétés par les services de sécurité lors de leur déplacement hors de la capitale.
L’Ethiopie où les atteintes à la liberté de la presse sont très fréquentes occupe la 150ème place sur 180 dans le Classement mondial 2017 de RSF.