(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi, RSF a vivement protesté contre le retrait de l’accréditation de Claude Juvénal, chef du bureau de l’Agence France Presse (AFP), à Rabat, par le ministère de la Culture et de la Communication. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au Premier ministre de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi, RSF a vivement protesté contre le retrait de l’accréditation de Claude Juvénal, chef du bureau de l’Agence France Presse (AFP), à Rabat, par le ministère de la Culture et de la Communication. Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a demandé au Premier ministre de « revenir sur cette décision » qu’il a qualifiée d' »inadmissible ». Pour l’organisation, cette mesure démontre « l’intolérance croissante dont font preuve les autorités marocaines à l’égard du travail des professionnels de l’information et rappelle des pratiques autoritaires en vigueur sous le règne d’Hassan II que l’on croyait disparues ». Alors que, depuis le 1er janvier 2000, sept journaux ont été interdits et trois journalistes assignés à résidence, RSF s’était déjà « alarmée », le 13 octobre dernier, « de la grave détérioration de la liberté de la presse dans le royaume ». Ménard avait alors déploré « que le Maroc ne tienne pas ses promesses alors que tant de signes encourageants avaient été donnés depuis l’accession de Mohammed VI au trône ».
Selon les informations recueillies par RSF, le 4 novembre, le ministère de la Culture et de la Communication a retiré son accréditation à Juvénal, sans lui fournir la moindre explication. Considérant que le journaliste n’avait ainsi plus de raison de rester au Maroc, les autorités marocaines lui ont demandé de quitter le pays avant lundi soir, 6 novembre. Selon « une source autorisée au ministère de la Culture et de la Communication » citée par la MAP (agence officielle marocaine), les autorités marocaines reprocheraient au journaliste de s’être « écarté de l’éthique et de la déontologie de la profession en prenant des initiatives à caractère hostile au Maroc et à ses institutions ». D’après l’AFP, les autorités avaient « à plusieurs reprises fait part de leur mécontentement à propos de la couverture par [l’agence] d’événements intérieurs marocains » et notamment après le procès du capitaine Mustafa Adib, qui avait dénoncé des actes de corruption au sein de l’armée marocaine. Le 24 octobre, Juvénal avait repris un communiqué de l’association marocaine des droits de l’homme (AMDH) qui mettait en cause Hosni Benslimane, le chef de la gendarmerie royale, et Hamidou Laânigri, patron de la Direction de la suveillance du territoire (DST). L’agence française a rappelé que « sous le règne d’Hassan II, deux autres correspondants de l’AFP à Rabat, Pierre Doublet et Jean-Marie Wetzel, avaient également été expulsés ».
Depuis le 1er janvier, sept journaux, dont deux français – « Jeune Afrique – L’intelligent » et « Le Figaro » – ont été interdits de diffusion par les autorités marocaines. Trois journalistes de France 3 – Joseph Thual, cameraman, Jean-Marc Pitt, rédacteur et Michel Bernasconi, monteur – ont été assignés à résidence, du 8 au 10 octobre, à Errachidia (est du Maroc) pour avoir filmé des sites militaires. Quelques jours plus tôt, le ministre de l’Intérieur en personne, Ahmed Midaoui, avait menacé Aboubakr Jamaï, directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Journal ».