(HRW/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de Human Rights Watch, daté du 20 septembre 2000 : RDC: Gouvernement, Rebelles suppriment l’expression libre (New York, le 20 septembre, 2000) — Aujourd’hui Human Rights Watch a demandé au gouvernement du President Laurent Kabila de libérer immédiatement cinq journalistes emprisonnés, et aussi de suspendre l’interdiction de diffuser […]
(HRW/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de Human Rights Watch, daté du 20 septembre 2000 :
RDC: Gouvernement, Rebelles suppriment l’expression libre
(New York, le 20 septembre, 2000) — Aujourd’hui Human Rights Watch a demandé au gouvernement du President Laurent Kabila de libérer immédiatement cinq journalistes emprisonnés, et aussi de suspendre l’interdiction de diffuser pour dix stations de radio et de télévision appartenant à des eglises et des groupes privés. L’interdiction a été
décretée le 14 septembre.
Human Rights Watch a aussi insisté que la faction rebelle du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), soutenue par le Rwanda, relache un photographe indépendent, et que le RCD permette a une station de radio operée par des organismes de societe civile de reprendre ses émissions.
« A maintes reprises, le gouvernement Congolais et les rebelles ont fait preuve de zèle égal dans leurs efforts pour supprimer l’expression libre dans la République Démocratique du Congo, » a dit Suliman Baldo, chargé de recherches dans la Division Afrique de Human Rights Watch. « Ces journalistes ont été attaqués tout simplement parce qu’ils critiquaient des personnes actuellement au pouvoir. C’est inacceptable. »
Le 14 septembre à Kinshasa, le ministre de l’Information Dominique Sakombi, a interdit à dix stations de radio et de télévision indépendantes de diffuser, les accusant de manque de respect pour les « positions finales du cahier des charges pour les stations de radio et
de télévision privées, » instructions officielles censées censurer les programmes indépendants. En juillet 1999, le ministre de l’Information a interdit aux stations privées de relayer des bulletins d’informations internationales, pratique qui avait été courante auparavant. Les stations que le gouvernement a interdit de diffuser sont la Radio Elikya
(qui appartient a l’église Catholique), Radio Réveil FM, Radio Malebo Broadcast Channel (MBC), Radio RTKM, Radio Sentinelle (de l’Eglise indépendente de la Cité Bethel), Radio Kintuadi (appartenant a l’eglise Kimbanguiste), Antenne A Télévision, Canal Kin 1 et Canal Kin 2 (propriété de Jean Bemba Saolona, un homme d’affaires éminent et un ancien ministre de l’économie nationale), et TKM (station de télévision).
Human Rights Watch est aussi indigné par la condamnation le 12 septembre par ordre de la Cour d’ordre militaire (COM), d’Emile-Aimé Kakese Vinalu, éditeur de l’hebdomadaire ‘Le Carrousel’ et de Jean-Pierre Mukuna Ekanga, éditeur de la ‘La Tribune de la Nation’, à deux ans de prison. Le même jour, la cour a condamné Richard Nsamba Olangi, l’éditeur du ‘Messager Africain’, et le journaliste Nicolas Katako à un an de prison, assorti d’un sursis de six mois. La COM a trouvé les quatres journalistes coupables de « haute trahison » et de « parution d’articles hostiles au gouvernment. »
Condamné par la COM à trois ans de prison depuis mai 2000, un autre journaliste, Freddy Loseke Lisumbu la Yayenga, éditeur du journal ‘La Libre Afrique’, serait gravemement d’insuffisance rénale. Sa condition requiert une attention médicale immédiate. Human Rights Watch lance un appel pour la mise en liberté immédiate des cinq journalistes précités.
À Bukavu, la capitale du territoire rebelle du Sud Kivu, Jean Pierre Tanganyika, surnommé Dudjo, qui est photographe, fut arreté après l’explosion d’une grenade le 26 aout, pour avoir pris des photos des victims sur la scene. Il a été détenu sans charge formelle aux casernes locales de l’armée. Brièvement relaché le samedi 16 septembre, il a de nouveau été arreté le même jour. Personne ne sait exactement où il se trouve.
Il y aurait un désaccord dans le RCD au sujet de la réouverture de Radio Mandaeleo, qui a été suspendue l’année dernière par ordre du Département de l’Information, de la Presse, et des Affaires Culturelles du RCD. Jusqu’à sa fermeture, Mandaeleo, (qui signifie ‘développement’ en Swahili), était une station de radio indépendante, d’une association sans but lucratif au Kivu Sud. La station produisait des nouvelles ainsi que des programmes sur le développement, les droits de l’homme, et d’autres sujets, beaucoup desquels provenaient d’ONGs locales. Les autorités du RCD ont formellement suspendu la radio le 30 juillet 1999, après que la station n’ait pas prêté attention aux directives de censure du RCD, interdisant à la station de diffuser ses propres bulletins. Human Rights Watch appelle les authorites du RCD de rouvrir Radio Mandaeleo, et de prendre ainsi un pas énorme pour l’expression libre dans l’est de la RDC.
Le 14 septembre, les authorités de la rebellion ont permi a Mgr. Emmanuel Kataliko, évêque de Bukavu, de retourner à la ville après plus de sept mois d’exil interne marqué par des pressions constantes de la population locale et la communauté internationale, qui ont agité pour son retour. Les authorités du RCD n’ont pas encore permi le retour des quatre activistes qui ont été détenus et bannis à la ville lointaine de Kisangani le 29 août. Le RCD les a accusés d’avoir soi-disant passé de l’information sur l’explosion de grenade à la presse internationale.