Le rassemblement a permis de dénoncer, une nouvelle fois, les actions de censure entreprises par le gouvernement guinéen contre les médias Djoma TV, Djoma FM, Espace FM, Espace TV, Sweet FM et FIM FM.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 27 juin 2024.
Après avoir manifesté son soutien aux journalistes à Conakry en mars, l’équipe du bureau Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières (RSF) s’est rassemblée ce 27 juin à Dakar pour interpeller les autorités dirigées par Mamadi Doumbouya. Elles doivent de toute urgence mettre fin à la censure de six médias et rompre avec une politique de répression tout azimut. Le journaliste Mohamed Mara, directeur d’Espace FM, l’une des radios visées, était présent.
“Stop à la censure des médias en Guinée !” Malgré l’empêchement par les forces de sécurité de tout regroupement devant l’ambassade de Guinée à Dakar, où RSF avait prévu de se mobiliser ce 27 juin, un rassemblement en soutien à la presse guinéenne s’est finalement tenu quelques rues plus loin.
Ce rassemblement, qui regroupait des représentants d’organisations de défense de la liberté de la presse – Article 19, la Coordination des associations de presse (CAP), la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) – et une quinzaine de journalistes, a permis de dénoncer, une nouvelle fois, les actions de censure entreprises par le gouvernement guinéen contre les médias Djoma TV, Djoma FM, Espace FM, Espace TV, Sweet FM et FIM FM. Une banderole a été déployée en soutien à ces six médias indépendants.
Le directeur général d’Espace FM, Mohamed Mara, s’est déplacé depuis Conakry pour représenter les trois groupes de médias interdits d’exercer “Nous, médias censurés, sommes dépeints comme étant excessifs […]. Nous ne faisons que chercher l’information, la recouper et la servir aux populations, qui ont le droit d’être informées”, a-t-il déclaré, avant de déplorer la situation économique des journalistes de son média, “chassés de leurs maisons ou obligés de quitter la capitale” faute de moyens.
Par cette action de mobilisation depuis Dakar, où la situation des médias guinéens inquiète tous les acteurs, nous voulions rappeler au ministre guinéen de l’Information et de la Communication, que nous avons rencontré à Conakry il y a trois mois, que RSF ne lâchera rien. Il est inadmissible que six médias soient censurés, que près de 1 000 professionnels se retrouvent sans travail du jour au lendemain et que le public soit privé de son droit à une information plurielle. Nous manifestons notre soutien à nos confrères et aux médias dont les licences ont été retirées au mépris total de la loi. Les autorités guinéennes doivent être tenues responsables de leurs actes et pour leurs promesses non tenues sur le respect de la liberté de la presse.
Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Au cours de cette action de mobilisation, des flyers faisant état des récentes actions de censure par les autorités guinéennes envers les médias indépendants ont été distribués par RSF aux passants et aux journalistes.
Le 21 mai, deux chaînes de télévision et quatre radios privées ont été interdites de diffusion à la suite du retrait de leur agrément d’exploitation par un arrêté ministériel. Une décision ayant été prise sans notification préalable et sans respecter la loi, ayant engendré la perte d’environ mille emplois dans le secteur de la presse.
RSF empêchée d’accéder à l’ambassade de Guinée
Alors que les forces de sécurité avaient pourtant initialement autorisé RSF à déposer une lettre à l’ambassadeur de Guinée, Mandjou Dioubaté, destinée aux autorités guinéennes, elles ont finalement empêché les équipes de l’organisation d’approcher les locaux de l’ambassade.
Le 18 juin, RSF a appelé la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à réagir pour que les autorités guinéennes mettent un terme à la censure, après la décision liberticide du ministère de la Communication de retirer les agréments d’exploitation des six médias privés.
En mars 2024, une délégation de notre organisation s’est entretenue avec les autorités à Conakry afin de leur faire part de cette situation inquiétante pour l’avenir de la presse en Guinée. Le Premier ministre ainsi que le ministre de l’Information et de la Communication avaient alors promis de favoriser le dialogue avec les médias concernés et avaient affiché une volonté “d’apaisement de la situation”.