Cela fait plus de quatre mois que le journaliste est privé de sa liberté, et six chefs d'accusation sont retenus contre lui, pour lesquels il encourt la prison à vie.
(RSF/IFEX) – Le 23 novembre 2011 – Sept mois après l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, la situation de la liberté de la presse demeure très préoccupante en Côte d’Ivoire.
« Depuis le mois d’avril et l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, les autorités ivoiriennes n’ont pas démontré leur respect de la liberté de la presse. Quelques projets vont dans le bon sens, comme la libéralisation de l’audiovisuel, mais de sérieuses violations demeurent. Hermann Aboa est en prison depuis plus de quatre mois alors même que la loi sur la presse protège les journalistes contre l’incarcération. D’autres professionnels des médias sont menacés, parfois directement par des membres du gouvernement. La presse d’opposition, en général, est dans le collimateur du pouvoir », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 21 novembre 2011, à la suite d’une demande de liberté provisoire introduite par l’avocat de Hermann Aboa, le 14 novembre, le juge d’instruction du troisième cabinet du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, Kouakou N’Goran, a pris deux ordonnances pour maintenir le journaliste en prison pour la suite de l’information judiciaire. L’avocat de Hermann Aboa a immédiatement saisi le procureur de la République et a introduit une nouvelle demande de liberté provisoire.
Journaliste de RTI 1, première chaîne de la télévision nationale ivoirienne, Hermann Aboa reste ainsi en détention préventive à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Cela fait plus de quatre mois que le journaliste est privé de sa liberté, depuis son arrestation le 21 juillet dernier. Six chefs d’accusation sont retenus contre lui, pour lesquels il encourt la prison à vie.
Le 14 novembre, Achille Kpan, correspondant du quotidien L’Inter, a reçu des menaces verbales, par téléphone, de la part du ministre de l’Artisanat, Konaté Sidiki, qui l’a accusé d’avoir retranscrit certains de ses propos haineux lors d’une réunion de pré-campagne pour les élections législatives, à Man (Ouest). Peu après ces menaces, des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), à bord d’un véhicule militaire et dirigés par Mara Lanciné, président de la jeunesse communale et responsable de la communication de l’ex-chef de guerre Losseni Fofana, se sont présentés à la salle de presse de Man, à la recherche du journaliste. Ce dernier a dû se refugier dans un lieu sûr.
Le ministre Konaté Sidiki a par ailleurs invité le rédacteur en chef de L’Inter, Félix Bony, à se rendre à ses bureaux pour une « mise au point ».
Le 24 novembre, le directeur de publication de Notre Voie, César Etou, et l’un des journalistes du quotidien, Boga Sivori, sont convoqués par la police criminelle pour s’expliquer sur un article concernant les nouveaux véhicules de fonction de marque Mercedes que possèdent les membres du gouvernement.