Dans cette chronologie inédite, Reporters sans frontières (RSF) revient sur deux années noires pour la liberté de la presse à Hong Kong, suite à l'adoption de la loi de sécurité nationale par le régime chinois en 2020 et à sa mise en œuvre sur le territoire.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 23 mars 2022.
Dans cette chronologie inédite, Reporters sans frontières (RSF) revient sur deux années noires pour la liberté de la presse à Hong Kong, suite à l’adoption de la loi de sécurité nationale par le régime chinois en 2020 et à sa mise en œuvre sur le territoire.
15 avril 2020 – Le directeur du Bureau de liaison chinois à Hong Kong, Luo Huining, appelle à l’adoption rapide d’une loi de sécurité nationale dans le but d’éliminer les mouvements pro-démocratie sur le territoire.
28 mai 2020 – L’Assemblée nationale populaire (le parlement chinois) adopte la loi de sécurité nationale de Hong Kong, qui institue quatre « crimes contre l’État » définis de manière très vague et passibles de la perpétuité.
18 juin 2020 – Un sondage de l’Association des Journalistes de Hong Kong (HKJA) révèle que 98% des journalistes locaux craignent que la loi de sécurité nationale ne soit utilisée contre eux.
30 juin 2020 – La loi de sécurité nationale entre en vigueur.
10 août 2020 – Deux cents policiers perquisitionnent les locaux du quotidien Apple Daily, le plus grand média d’opposition en langue chinoise de Hong Kong. Son fondateur, Jimmy Lai, est détenu pendant 40 heures, soupçonné de « collusion avec des forces étrangères ».
22 septembre 2020 – Le gouvernement de Hong Kong annonce qu’il réservera désormais l’accès aux points presse officiels aux seuls médias « internationalement reconnus », sans préciser sur quelle définition il se base, ce qui de fait exclut les médias et journalistes indépendants.
23 septembre 2020 – Le ministère des Affaires étrangères chinois accuse le Club des correspondants étrangers de Hong Kong (FCCHK) de « semer le trouble » en exprimant son inquiétude vis à vis des nouvelles directives de la police sur les médias et lui demande d’« arrêter de se mêler » des affaires du territoire.
2 décembre 2020 – Jimmy Lai est de nouveau placé en détention, cette fois pour « fraude ». Quelques jours plus tard, il sera aussi accusé de « collusion avec des forces étrangères » en vertu de la loi de sécurité nationale et se verra refuser une libération sous caution.
6 janvier 2021 – Les défenseuses de la liberté de la presse et anciennes journalistes Claudia Mo et Gwyneth Ho sont détenues en vertu de la loi de sécurité nationale pour « complot en vue de commettre la subversion » et se voient plus tard refuser la libération sous caution.
1 mars 2021 – Le nouveau directeur des programmes du groupe audiovisuel public Radio Television Hong Kong (RTHK), Patrick Li, met en place un système de censure et menace de réduire de moitié les salaires des journalistes qui produisent des contenus qui lui déplaisent.
16 avril 2021 – Jimmy Lai, le fondateur d’Apple Daily, est condamné à un an et deux mois de prison pour « rassemblement non autorisé » et se voit accusé de « conspiration en vue de collusion avec les forces étrangères », un second chef d’accusation en vertu de la loi de sécurité nationale.
17 juin 2021 – Les locaux d’Apple Daily sont à nouveau perquisitionnés par des policiers, plusieurs de ses cadres sont arrêtés et le gouvernement gèle les actifs de sa société mère Next Digital. Une semaine plus tard, le quotidien hongkongais annonce qu’il cessera ses activités.
9 août 2021 – La cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam annonce un partenariat entre le groupe audiovisuel public RTHK et le conglomérat d’État China Media Group (CMG) afin de nourrir « un sentiment de patriotisme plus fort » dans le territoire.
13 décembre 2021 – Les défenseurs de la liberté de la presse Jimmy Lai et Gwenyth Ho sont respectivement condamnés à 13 et 6 mois de prison pour avoir pris part à un rassemblement interdit à Hong Kong en 2020.
28 décembre 2021 – Le parquet de Hong Kong dépose une accusation supplémentaire de « publications séditieuses » contre Jimmy Lai et six anciens membres du personnel d’Apple Daily.
29 décembre 2021 – Le média indépendant hongkongais Stand News cesse ses activités suite à un raid de police et à l’arrestation de six membres et anciens membres de son équipe.
3 janvier 2022 – Le média indépendant en ligne Citizen News annonce sa fermeture, citant la nécessité de « protéger son personnel ». Le jour suivant, Mad Dog Daily, un autre média indépendant, décide de fermer pour les mêmes raisons.
12 janvier 2022 – La cheffe de l’exécutif Carrie Lam annonce que le gouvernement hongkongais va créer davantage de lois de sécurité nationale pour lutter contre les crimes de trahison, sécession, sédition ou de subversion.
1 mars 2022 – Le média indépendant hongkongais Local Press annonce sa fermeture sans en préciser la raison.
14 mars 2022 – Hong Kong Watch, une ONG basée en Angleterre qui a appelé à la libération des journalistes détenus à Hong Kong, reçoit une demande formelle de suppression de son site internet de la part de la police de Hong Kong sous prétexte qu’il « enfreint la loi de sécurité nationale ».
23 mars 2022– À ce jour, pas moins de 12 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, dont des cadres d’Apple Daily et de Stand News, sont toujours en détention dans l’attente de leurs procès qui ont de nouveau été reportés aux prochains mois, prétendument en raison de la situation Covid-19 du territoire.
Dans son rapport « Le grand bond en arrière du journalisme en Chine » publié le 7 décembre 2021, Reporters sans frontières (RSF) révélait la campagne de répression sans précédent menée ces dernières années par le régime chinois contre le journalisme et le droit à l’information dans le monde entier.
Autrefois bastion de la liberté de la presse, Hong Kong est passée de la 18e place en 2002 à la 80e place en 2021 au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF. La République populaire de Chine stagne pour sa part au 177e rang sur 180.