RSF déplore la convocation par la police de huit journalistes de la presse privée suite à une plainte déposée par le fils du président de la République.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières déplore la convocation par la police, le 1er août 2009, à Niamey, de huit journalistes de la presse privée. Tous ont été interrogés suite à une plainte déposée par le fils du président de la République, et deux ont été placés en garde à vue. Ces derniers, visés dans une autre affaire, devraient être déférés devant le Parquet le 5 août.
« Un journaliste qui fait correctement son travail d’information n’a aucun compte à rendre dans un commissariat. Ces convocations de patrons de presse sont choquantes et interviennent alors que l’espace laissé à la liberté d’expression se réduit cruellement au Niger. Les professionnels des médias, dont nous saluons le courage et la ténacité, doivent pouvoir couvrir l’actualité politique et dénoncer les malversations sans être arrêtés ou intimidés », a déclaré l’organisation, qui appelle à la libération des deux journalistes toujours en garde à vue.
Le 1er août, les directeurs de publication des huit principaux hebdomadaires privés du pays ont été convoqués et interrogés au Commissariat central de police de Niamey. Il leur est reproché d’avoir publié un document, signé par un notaire de la capitale, intitulé « Engagement sur l’honneur portant fixation de taux de pourcentage ». Ce document, dont Reporters sans frontières a obtenu une copie, révèle qu’en 2008 la société Niger Uranium Venture SA a octroyé cinq millions de dollars à Hadia Doulaye Tandja, fils de l’actuel président de la République, et à Ibrahim Hamidou, un journaliste proche de la famille présidentielle, contre l’obtention d’un permis de recherche d’uranium dans le nord du pays.
A la fin de l’interrogatoire, deux des huit journalistes, Abdoulaye Tiémogo, directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Canard Déchaîné », et Ali Soumana, directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Courrier », ont été placés en garde à vue suite aux plaintes du ministre de la Justice et du président de la Commission nationale des droits de l’homme dans une autre affaire. Les deux journalistes sont en effet poursuivis pour « diffamation » pour avoir publié des articles dénonçant des surfacturations effectuées en 2007, au profit du ministre de la Justice, alors président de la Commission nationale des droits de l’homme, dans le cadre d’une étude sur l’esclavage et le travail forcé.
Par ailleurs, le directeur général adjoint du groupe de presse Dounia, Ali Idrissa, a été convoqué le même jour par le président du Conseil national de la Communication (CSC), Daouda Diallo, qui lui a reproché d’avoir donné la parole à des opposants au référendum sur la modification de la Constitution. « Notre tâche est d’informer, et nous resterons coûte que coûte dans le cadre de notre mission. Nous ne céderons ni aux menaces ni au chantage », a déclaré Ali Idrissa à Reporters sans frontières.
Les électeurs nigériens doivent se prononcer par référendum, le 4 août, sur l’adoption d’une nouvelle Constitution devant permettre au président Tandja de rester en fonction jusqu’en 2012, puis de se représenter autant de fois qu’il le souhaitera. La Constitution actuelle prévoit que le président se retire au terme de son deuxième mandat, soit en décembre pour Mamadou Tandja.
Les huit directeurs de publication visés par la plainte du fils du Président Tandja sont :
– Moussa Aksar, « L’Evénement »
– Zakari Alzouma, « Opinions »
– Abard Mouddour Zakara, « L’Actualité »
– Omar Keita Lalo, « Le Républicain »
– Ibrahim Souley, « L’Enquêteur »
– Assane Sadou, « Le Démocrate »
– Abdoulaye Tiémogo, « Le Canard déchaîné »
– Ali Soumana, « Le Courrier »