Les blogueurs ont été appelés à s'inscrire auprès des autorités avant la fin du mois de juin.
(IFJ/IFEX) – Le 10 février 2011 – La Fédération européenne des journalistes (FEJ), le groupe européen de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), a appelé aujourd’hui de nouveau la Hongrie à faire des changements radicaux et urgents à sa loi controversée sur les médias alors que les blogueurs ont été appelés à s’inscrire auprès des autorités avant la fin du mois de juin.
« Apprendre que la Hongrie va de l’avant avec une loi qui a suscité une condamnation générale parmi les défenseurs de la liberté de la presse en Europe ne peut que soulever de nouvelles inquiétudes. La Hongrie semble peu encline à respecter les droits de la liberté d’expression », a déclaré le Secrétaire général de la FEJ, Aidan White. « On demande aux journalistes ou aux blogueurs de s’inscrire auprès d’une autorité entièrement nommée par le Premier ministre, ce qui est un fait sans précédent dans un pays démocratique et cela va à l’encontre des principes européens de liberté de la presse ».
L’autorité hongroise de surveillance des médias et des communications de l’information, la NMHH, a ordonné aux blogs de s’enregistrer en vertu de la nouvelle loi, même si il n’est pas clair quelles sanctions sont prévues en cas de refus.
La FEJ rappelle que la Hongrie doit examiner la loi sur les médias pour s’assurer de sa compatibilité avec la lettre ou l’esprit de la législation de l’UE, en particulier la Charte des Droits Fondamentaux. Si ce n’est pas le cas, la loi doit être abrogée, selon la FEJ.
La Commissaire européenne Nellie Kroes a déjà demandé à la Hongrie de modifier la loi dans trois domaines clés. Tout d’abord, de supprimer l’obligation des médias de « fournir une couverture équilibrée ». En deuxième lieu, de modifier les niveaux des amendes et des restrictions sur le contenu des médias y compris d’autres Etats membres, et, en troisième lieu, d’éliminer l’obligation d’enregistrer tous les médias, notamment les blogueurs. Mme Kroes a émis des doutes sur le respect de la Charte de l’UE des Droits Fondamentaux, que la Hongrie a signée.
La FEJ estime que cette intervention est la bienvenue et rappelle aussi que l’UE doit appliquer fermement les règle sur le marché intérieur couvrant la politique audiovisuelle, la concurrence, les télécommunications, les aides d’Etat, l’obligation de service public et les droits fondamentaux des citoyens, afin de s’assurer que tous les Etats membres garantissent et soutiennent la liberté d’information et un niveau adéquat de pluralisme des médias, y compris le respect de la liberté de la presse en vertu de la Charte des Droits Fondamentaux. La FEJ rappelle que la Commission doit fixer un délai strict pour que ses propositions soient adoptées par les autorités hongroises et que des procédures d’infraction devraient démarrer sitôt ce délai ne serait pas respecté.
Dans un communiqué publié le 3 février, les dirigeants de l’Intergroupe MEDIA du Parlement européen ont également regretté « l’absence de volonté politique [de la Commission européenne] de cette consultation qui restera malheureusement encore une fois centrée sur les seules questions techniques, et non pas sur les valeurs politiques de l’Union européenne contenues dans la Charte des Droits Fondamentaux ». Le 1er mars 2011, l’Intergroupe MEDIA organisera une audition sur la liberté de la presse en Europe.
« Il est temps de forcer la Hongrie à changer de cap », a déclaré M. White. « Il ne s’agit pas de politique ou d’attaque vindicative contre un état particulier de l’UE ; il s’agit de droits et de valeurs pour tous les citoyens et de la défense du journalisme comme un bien public ».