Plus de trois années après le massacre au stade de Conakry qui a fait au moins 150 morts et blessés, les personnes impliquées n’ont pas encore été tenues de répondre de leurs actes.
(Human Rights Watch/IFEX) – 5 décembre 2012 – Le gouvernement guinéen devrait accroître son soutien à l’enquête ouverte au niveau national sur le massacre, les viols et autres exactions commis le 28 septembre 2009 afin de permettre sans délai l’engagement de poursuites équitables et crédibles pour les crimes perpétrés, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Cette conclusion se fonde sur des recherches approfondies et une analyse détaillée des facteurs qui ralentissent la procédure d’instruction. Les partenaires internationaux – notamment l’Union européenne (UE), les États-Unis et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme – devraient également intensifier la pression et renforcer le soutien qu’ils apportent pour que justice soit rendue.
Le rapport, intitulé En attente de justice : La nécessaire traduction devant les tribunaux guinéens des responsables du massacre, des viols et autres exactions perpétrés dans le stade le 28 septembre 2009, analyse les efforts déployés par la Guinée pour traduire en justice les responsables des crimes qui ont été commis. Ce jour-là, plusieurs centaines de membres des forces de sécurité guinéennes ont fait irruption dans un stade de Conakry, la capitale guinéenne, et ont ouvert le feu sur des dizaines de milliers de partisans de l’opposition qui participaient à un rassemblement pacifique. À la fin de l’après-midi, au moins 150 Guinéens gisaient morts ou mourants et des dizaines de femmes avaient subi des violences sexuelles d’une extrême brutalité, entre autres des viols individuels et collectifs. Plus de trois années se sont écoulées et les personnes impliquées n’ont pas encore été tenues de répondre de leurs actes.
« Les victimes des effroyables exactions perpétrées le 28 septembre 2009 attendent depuis plus de trois ans que justice soit faite », a souligné Elise Keppler, juriste senior au programme Justice internationale de Human Rights Watch. « Le Président Alpha Condé et d’autres responsables guinéens ont affirmé qu’ils soutenaient la lutte contre l’impunité, mais il faudrait qu’ils traduisent davantage leurs paroles en actes. Des poursuites crédibles contribueraient considérablement à faire entrer la Guinée dans une ère marquée par le respect de l’État de droit. »
Le rapport est basé sur des recherches effectuées à Conakry en juin 2012 et sur des entretiens réalisés par la suite avec des responsables gouvernementaux, des avocats et autres praticiens du droit, des membres de la société civile, des journalistes, des victimes et des partenaires internationaux.