"Nous appelons les autorités indonésiennes à diligenter une enquête judiciaire approfondie pour déterminer les causes de ce drame et s’assurer que les auteurs potentiels soient traduits en justice." - RSF
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 6 juillet 2024.
Alors que de sérieux soupçons font craindre que l’incendie ayant coûté la vie à un journaliste et à sa famille soit un acte criminel lié à ses enquêtes sur un réseau illégal de jeux d’argent, RSF appelle les autorités indonésiennes à mener une enquête approfondie sur ce drame.
Le 2 juillet 2024, une coalition d’organisations indonésiennes de défense de la liberté de la presse a publié une enquête suggérant que la mort du journaliste de la chaîne de télévision Tribrata TV Sempurna Pasaribu, dans l’incendie de sa maison était d’origine criminelle. Selon un témoin, cinq inconnus se sont approchés de la maison du journaliste, située dans la ville de Kabanjahe, dans l’ouest de l’Indonésie, trente minutes avant le drame survenu dans la nuit du 27 juin. La femme du journaliste, ainsi que son fils et son petit-fils, ont également péri dans l’incendie.
Dans les jours précédant la tragédie, le journaliste agé de 40 ans avait reçu des menaces liées à ses reportages sur une maison de jeu illégale appartenant à un officier de l’armée, et sur des mouvements locaux d’opposition à la drogue, au jeu illégal et à la prostitution. Des officiers de police et de l’armée avaient également contacté le rédacteur en chef de Tribrata TV pour faire retirer les articles en question, mais leurs demandes avaient été rejetées.
« Les premiers résultats de l’enquête laissent craindre que Sempurna Pasaribu et sa famille aient été victimes d’un assassinat en raison des révélations du journaliste sur des affaires de jeu d’argent. Nous appelons les autorités indonésiennes à diligenter une enquête judiciaire approfondie pour déterminer les causes de ce drame et s’assurer que les auteurs potentiels soient traduits en justice. »
Cédric Alviani, Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF
En Indonésie, les journalistes qui enquêtent sur des affaires d’abus par les autorités locales sont fréquemment victimes d’intimidations, voire d’emprisonnement. En novembre 2021, le journaliste Muhammad Asrul a été injustement condamné à trois mois de prison pour avoir publié une enquête sur une affaire de détournement de fonds publics par une administration locale.
L’Indonésie, classée 111e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF, garantit en principe la liberté de la presse dans sa législation.