Amangelen Chapoudakov a récemment réalisé un entretien avec Radio Azatlyq, le service turkmène de Radio Free Europe, où il accusait un membre du gouvernement local de corruption.
(RSF/IFEX) – Le 6 avril 2011 – Reporters sans frontières est horrifiée par l’internement en hôpital psychiatrique d’Amangelen Chapoudakov suite à sa collaboration récente avec Radio Free Europe (RFE), un des seuls médias indépendants encore présents au Turkménistan. Ce traitement inhumain et parfaitement arbitraire est une nouvelle preuve de la répression féroce dont sont victimes les professionnels des médias et leurs informateurs dans cette dictature d’Asie centrale.
Chapoudakov n’a jamais eu de problèmes psychiatriques. En revanche, il est proprement criminel d’enfermer dans de telles conditions une personne âgée souffrant de diabète et d’hypertension. L’organisation s’insurge contre ces méthodes de répression effroyables et d’un autre âge, qui visent non seulement les journalistes mais également tous leurs collaborateurs réguliers ou ponctuels, ainsi que leurs proches.
Agé de 80 ans, Chapoudakov a récemment réalisé un entretien avec Radio Azatlyq, le service turkmène de RFE, où il accusait un membre du gouvernement local de corruption. Le 7 mars 2011, il a été convoqué au poste de police de Magtymguly, sa ville de résidence dans le sud-ouest du pays, et n’a plus été revu. Un responsable de l’unité psychiatrique de Balkanabat a confirmé à RFE que Chapoudakov avait été interné pour des examens médicaux, et qu’il devait rester à l’hôpital psychiatrique pour environ un mois. Les hôpitaux psychiatriques sont connus pour être le « goulag turkmène », où sont enfermés et torturés les opposants ou toute personne considérée comme étant critique du pouvoir.
En janvier dernier, l’activiste reconnu avait déjà été empêché de quitter son district. Des affiches l’accusant d’être un criminel avaient été placardées dans différents espaces publics. Il avait été détenu le 5 février dernier à Achkabad après s’être plaint auprès de plusieurs organisations internationales de harcèlement de la part des autorités turkmènes.
Les collaborateurs de RFE font l’objet d’une intense pression au Turkménistan, comme en témoigne la mort sous la torture d’Ogousoulpar Mouradova et le maintien en détention d’Annakurban Amanklytchev et de Khoudaïberdi Kourbandourdiev. En 2008, Reporters sans frontières avait déjà dénoncé l’internement de force de Sazak Dourdymouradov. Ce collaborateur occasionnel de Radio Azatlyq avait été retenu deux semaines dans un hôpital psychiatrique. En 2010, plusieurs journalistes de RFE ont été interrogés et des membres de leurs familles mis sur liste noire.
L’accès à l’information est totalement bloqué dans ce pays qui figure au 176e rang sur 178 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. L’internement de Chapoudakov démontre que, malgré un changement de ton officiel, même informer des journalistes reste extrêmement risqué dans ce pays.