Le journal avait publié, en une du numéro daté du 13 janvier, une photo de George Clooney brandissant une affiche : « Je suis aussi Charlie ».
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 19 janvier 2015.
Reporters sans frontières condamne la suspension le 17 janvier 2015 du quotidien Mardom-e Emrooz, sur ordre du procureur de Téhéran. Le journal avait publié, en une du numéro daté du 13 janvier, une photo de George Clooney brandissant une affiche : « Je suis aussi Charlie ».
Cette décision a été confirmée le 19 janvier par la Commission d’autorisation et de surveillance de la presse au sein du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, qui a également annulé l’autorisation de publication du média, pour “insulte à l’islam.”
Après 19 numéros, le quotidien Mardom-e Emrooz a donc été suspendu. Dès le lendemain de l’annonce de sa parution, les médias conservateurs, proches des Gardiens de la révolution notamment, le quotidien Kayhan contrôlé par le Guide suprême, ont fait pression pour que le journal soit suspendu. Ce média ultra-conservateur, véritable porte-voix d’Ali Khameini, a non seulement demandé la suspension du journal, mais aussi l’arrestation de ses journalistes, notamment du rédacteur en chef Mohammed Ghoochani. Ce dernier a pourtant expliqué que la une du journal avait été décidée avant la publication du nouveau numéro de Charlie Hebdo.
“Ce n’est pas la première fois que les médis conservateurs, et notamment les extrémistes de Kayhan, organisent la suspension de journaux et que la justice et le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique l’exécutent. La stratégie de ces médias de la haine s’ajoute à l’arbitraire des autorités iraniennes qui disposent déjà de larges moyens juridiques répressifs pour faire taire les médias indépendants”, déclare Reza Moini, responsable du bureau Iran/Afghanistan de Reporters sans frontières.
L’Iran, l’un des pays les plus répressifs au monde en matière de liberté de l’information, occupe la 173e place sur 180 pays du Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.