(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, le lieutenant général Moin-ud-din Haider, RSF a protesté contre l’arrestation d’Irfan Qureshi, guide de Michel Peyrard, journaliste de l’hebdomadaire français « Paris Match », alors qu’il venait de traverser la frontière après un mois de détention en Afghanistan. « Nous vous demandons d’intervenir auprès des autorités de la […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, le lieutenant général Moin-ud-din Haider, RSF a protesté contre l’arrestation d’Irfan Qureshi, guide de Michel Peyrard, journaliste de l’hebdomadaire français « Paris Match », alors qu’il venait de traverser la frontière après un mois de détention en Afghanistan. « Nous vous demandons d’intervenir auprès des autorités de la Khyber Agency, comme les autorités fédérales l’ont fait en faveur de Michel Peyrard qui, lui, n’a pas été arrêté après avoir traversé la frontière. Dans cette affaire, il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation condamne cette décision qui est aussi incompréhensible qu’inacceptable. « Arrêter un ressortissant pakistanais de la sorte risque de choquer ceux qui se sont mobilisés, à travers le monde, pour sa libération », a indiqué Ménard. L’organisation a, par ailleurs, demandé au ministre d’entamer de nouvelles démarches pour favoriser la libération du journaliste pakistanais Mukkaram Khan, toujours détenu à Jalalabad.
Selon les informations recueillies par RSF, Qureshi, journaliste pakistanais, a été libéré, le 10 novembre 2001, par les autorités de Kaboul. Un responsable taliban a remis, au poste frontalier de Torkham (NWFP), le guide de Peyrard aux autorités pakistanaises qui ont procédé à son arrestation. Il était détenu dans la ville de Landi Kotal (ouest de Peshawar), dans un bâtiment de l’autorité politique de la zone tribale Khyber Agency où il devait être interrogé par des hommes des services secrets pakistanais (ISI). Qureshi a finalement été libéré le 11 novembre.
Le 9 novembre, l’un des frères de Qureshi avait quitté Islamabad pour Jalalabad porteur d’une lettre de l’ambassadeur des taliban à Islamabad, le mollah Abdul Zaef, demandant la libération du journaliste. Depuis le 3 novembre, date de la remise en liberté de Peyrard, celui-ci et la famille de Qureshi tentent d’obtenir cette remise en liberté retardée par une décision inexpliquée du responsable des services secrets taliban de Jalalabad.
En revanche, les taliban ont posé une nouvelle condition à la libération du journaliste Khan qui accompagnait Peyrard. Selon un responsable taliban, interrogé à la frontière par l’Agence FrancePresse, sa libération n’interviendra que si les autorités de la zone tribale Mohmand Agency, dont il est originaire, le sollicitent. Mais, depuis l’arrestation du journaliste, sa famille est victime de représailles de la part des habitants de la région. Après que le journaliste a été arrêté par les taliban et accusé d’espionnage au bénéfice des Américains, des centaines de personnes se sont rassemblées devant sa maison, ont menacé de la brûler, d’expulser sa famille de la tribu et de juger le journaliste en vertu des lois tribales dès son retour d’Afghanistan. L’un des frères de Khan a été contraint de se réfugier à Peshawar et sa famille a engagé des hommes armés pour protéger leurs biens.
Déjà, du 5 au 18 octobre, Muhammad Iqbal Afridi, du quotidien en ourdou « Al-Akhbar », Rifatullah Orakzai, du journal en anglais « Khyber Mail International », et Syed Karim, du quotidien en ourdou « Khabrain », ont été détenus à Peshawar par les autorités de la Khyber Agency. Les trois journalistes originaires des zones tribales avaient été arrêtés en compagnie de deux reporters de la chaîne de télévision française LCI, Olivier Ravanello et Jérôme Marcantetti. Ces derniers ont été libérés le 8 octobre suite à l’intervention notamment de l’ambassade de France (consulter les alertes de l’IFEX des 17 et 11 octobre 2001).
Après l’arrestation de plusieurs journalistes étrangers et pakistanais en Afghanistan ou alors qu’ils tentaient d’entrer dans ce pays, les autorités d’Islamabad ont déclaré qu’elles sanctionneraient les tentatives de « franchissement illégal » de la frontière.