En janvier 2017, un nombre important de faits relatifs à la liberté d’expression ont été constatés – de la transition en La Gambie qui a fait partir le Roi de l’Impunité, en passant par la répression des journalistes par les forces de sécurité nigériennes, à la levée des sanctions contre des medias au Bénin.
Cet article a été initialement publié sur mfwa.org le 7 février 2017.
En janvier 2017, un nombre important de faits relatifs à la liberté de la presse et la liberté d’expression ont été constatés en Afrique de l’Ouest – de la tumultueuse transition en La Gambie qui a fait partir le Roi de l’Impunité de Afrique de l’Ouest, en passant par la répression massive des journalistes par les forces de sécurité nigériennes, à la levée des sanctions contre des medias au Benin.
Le plus inattendu des évènements s’est passé en La Gambie où un drame politique inoubliable s’est produit avec un dénouement mémorable aux 22 années de tyrannie du Président Yahya Jammeh, de violations brutales des droits de l’Homme et d’une culture atroce de silence.
Après avoir mal vécu une défaite inespérée des élections du 1er Décembre 2016, Jammeh, qui a été couronné « Roi de l’Impunité de l’Afrique de l’Ouest », pour avoir présidé un régime qui a violé ouvertement les droits de l’Homme, a essayé à maintes reprises de s’accrocher au pouvoir. Il avait initialement accepté sa défaite après la déclaration des résultats avant d’y renoncer une semaine plus tard, en rejetant les résultats et appelant à de nouvelles élections.
L’organe inter-gouvernementale de l’Afrique de l’Ouest , CEDEAO, soutenu par l’Union Africaine et les Nations Unies, ont insisté à ce que Jammeh respecte le verdict du peuple Gambiens et quitte le pouvoir. Jammeh a été éventuellement contraint de quitter le pouvoir le 21 Janvier en partant pour l’exile en Guinée Equatoriale.
L’aversion du Président Jammeh envers les médias en La Gambie était si palpable durant son règne de 22ans. Même après sa défaite lors des élections du 1er Décembre 2016, l’ex-président a prouvé qu’il était irrémédiablement hostile à la liberté de la presse et de la liberté d’expression étant donné qu’il a continué avec ses actes de violations.
Le 9 Janvier par exemple, les licences de quatre importantes stations de radio ont été révoquées par le régime de Jammeh sans explication. Les quatre stations de radios affectées – Hilltop Radio, Afri Radio, Teranga FM et Paradise FM étaient les principales stations de radio dans la couverture des débats politiques à l’époque.
Exactement une semaine après la fermeture de quatre stations de radios locales, sept journalistes étrangers ont été déportés le 16 Janvier dès leur arrivée à l’aéroport principal de la capital Banjul. Les journalistes déportés sont du bureau régional de la CCTV au Kenya, un photojournaliste de l’AFP et deux journalistes en mission pour le Projet de journalisme en-ligne baptisé Blank Spot et basé en Suède.
Déjà, le nouveau Président, Adama Barrow a promis d’entreprendre les reformes majeurs qui assureront le respect des droits de toutes personnes. En s’adressant aux Gambiens le 26 Janvier après son retour du Sénégal où il a prêté serment alors que Jammeh s’accrochait toujours au pouvoir, M. Barrow a dit qu’il assurera la liberté de la presse dans le pays.
La Fondation des Medias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) a déjà tenu des discussions avec les leaders et experts de la presse Gambienne sur les défis auxquels font face les medias en Gambie, l’état de l’impunité pour les crimes contre les journalistes sous le régime Jammeh et comment faire face à ces défis après l’ère de Jammeh.
La liberté de la presse assiégée au Nigeria
En janvier, en différentes occasions, la police du Nigeria a arrêté et détenu un certain nombre de journalistes, suscitant ainsi l’indignation du public et des pétitions au Président Muhammadu Buhari l’exhortant à prendre des mesures pour résoudre la situation.
Le 5 Janvier, la police dans l’Etat d’Akwa Ibom situé au sud du pays, a arrêté Nsibiet John, un journliste du journal local The Ink. Le journaliste a été arrêté et gardé dans les cellules de la police jusqu’au lendemain avant d’être présenté devant un magistrat de la cour sur les charges d’accusation criminelles de diffamation et de sédition. Il a par la suite obtenu une libération sous caution pour réapparaitre devant la cour le 13 février.
Le 6 janvier, un autre journaliste dans le même Etat, Jerry Edoho, a été arrêté par la police et détenu pendant trois jours au Quartier General des Forces à Abuja. Il a été accusé de fausse publication sur Facebook. Le journaliste a été par la suite libéré sous caution le 9 Janvier.
Une semaine plus tard, le 13 Janvier, la police a arrêté Desmond Utomwen, l’éditeur de FreshNews, un journal en ligne, suite à une plainte en diffamation déposée par un officier douanier. La police a aussi saisi les dossiers, l’ordinateur de l’éditeur et son téléphone portable, avant de l’amener au Département des Forces d’Investigations Criminelles et des Renseignements dans la capitale fédérale à Abuja pour des interrogatoires. Il a été libéré plus tard dans la journée.
Le 19 Janvier, la police à Abuja, a fait une descente dans le bureau du journal en ligne très influent, Premium Times pour arrêter l’éditeur, Dapo Olorunyomi et la correspondante juridique Evelyn Okakwu. La Police a aussi procédé à une perquisition sans présenter un mandat de perquisition ou d’arrestation. Selon les sources policières du Nigeria, la descente et l’arrestation de l’éditeur et du journaliste fait suite à des plaintes en diffamation déposées par les avocats du chef d’état-major de l’armée, Tukur Buratai. L’incident s’est produit quelques jours après que le journal ait refusé de concéder à une demande écrite de l’armée de retirer les articles sur l’armée et ses opérations.
L’éditeur et le journaliste ont été détenus pendant quelques heures avant d’être libérés sous caution, suscitant un tollé général dans la communauté des médias et des activistes à travers le Nigeria. Un certain nombre de pétitions ont été envoyé au Président Muhammadu Buhari décriant la vague de d’attaques sur les medias par les forces de sécurité et exhortant le Président à aider au contrôle de la situation.
Le 25 Janvier 2017, Mme Ujunwa Atueyi, un journaliste travaillant avec le journal The Guardian a été arrêté, détenu pendant des heures dans un véhicule et forcée de supprimer des photos qu’elle a prises lors d’un raid sur les motocyclistes à la gare de bus à Lagos. Atueyi a été arrêté après que les policiers l’ont vu prendre des photos de la scène dans laquelle ils(les policiers) étaient en train de battre un jeune homme. La journaliste a été interrogée avant d’être forcée de supprimer les photos qu’elle a prises.
La police nigérienne a mené un autre raid le 29 janvier, cette fois-ci sur la maison d’imprimerie du journal Biafra Times. L’éditeur du journal, Peter Eke et neuf autres personnes ont été arrêtés. Fatai Oweseni, le Commissaire de Police de l’Etat de Lagos a dit aux médias le 30 janvier que les suspects ont été arrêtés pour « une offense punissable sous le Code Pénal de l’Etat de Lagos », sans donner plus de précisions. Il a dit que l’imprimerie a été fermée et les locaux sont surveillés, tout en ajoutant que les suspects seront traduits devant la des que les enquêteurs auront fini de les interrogés.
Levée des sanctions au Benin et en Côte d’Ivoire
Au Benin, le 26 Janvier, les autorités de régulation des medias, la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication(HAAC) a levé ses sanctions sur les stations privées Soleil FM, Eden TV et E-Télé. Les trois médias faisaient partie de sept organes de media que l’autorité de régulation des medias avait fermé le Novembre pour avoir violé les conditions des conventions signées.
En Côte d’Ivoire, le journal quotidien LG Infos est apparu dans les kiosques après que l’organe de régulation ; le Conseil National de la Presse(CNP) ait levé ses sanctions. Le journal a été suspendu pour sept parutions en Décembre pour avoir publié de «fausse information» selon l’organe de régulation, à propos de l’ex-première dame Simone Gbagbo, son ex-aide de camp et un ancien ministre.
La MFWA salue la levée des sanctions contre les medias au Benin et en Côte d’Ivoire et appelle au sens du professionnalisme de la part des organisations des medias, et la non-restriction et la censure de la part des autorités de régulations des médias.
Directeur Général de la Radiodiffusion Télévision convoque des techniciens à la police
La bonne nouvelle à propos de la levée des sanctions du journal LG Infos en Côte d’Ivoire était, cependant nuancée avec quelques évènements déplaisants. Ahmadou Bakayoko, le Directeur Général du média d’Etat, la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne(RTI), a porté plainte à la police contre six techniciens de la station après un retard de 15 minutes dans la présentation du journal du soir à la télévision le 27 Janvier 2017. Nonobstant que le retard fusse dû à des raisons techniques, Bakayoko a accusé les six techniciens de « sabotage et d’atteinte à la sécurité de l’Etat ». Les agents ont été par conséquent convoqués à la police pour des interrogatoires pendant trois jours.
Le Ministre de l’Information du Liberia agresse une journaliste
Le 23 janvier, le ministre de l’information Eugene Nagbe, a agressé verbalement une journaliste, Estelle Liberty Kemo durant une conférence de presse, ce qui a suscité la condamnation de plusieurs acteurs.
Répondant à une question du journaliste à propos d’une récente dispute entre le ministre et un député de l’opposition, Moses Kollie, le ministre Nagbe a dit rageusement à la journaliste «va poser la question à ton petit-ami, le Député Moses Kollie».
La réponse du Ministre a été jugée offensante et agressive, et a été condamnée par de nombreux acteurs des medias y compris, l’Association des Femmes Journaliste du Liberia (Female Journalists Association of Liberia(FeJAL) qui a demandé au Ministre de présenter une excuse publique.
Des stations de radio honorées pour la couverture des élections
Au Ghana, la Fondation des Medias a honoré 13 Stations de radio qui ont joué un rôle cruciale dans la réduction des propos haineux et autres formes de violences pré-campagnes durant les élections du mois de Décembre. Les 13 organes de medias ont été récompensés à un forum qui a réuni tous les acteurs dans le secteur des médias pour évaluer la performance des medias durant les élections.