Le bilan de la liberté de la presse à mi-parcours vers les élections reste préoccupant, selon JED.
(JED/IFEX) – À l’occasion de la célébration, mardi 3 mai 2011, de la journée mondiale de la liberté de la presse, Journaliste en danger (JED), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de la presse, basée en République démocratique du Congo, et le Réseau d’alerte de l’OMAC (Organisation des Médias d’Afrique centrale), souhaite attirer l’attention de l’opinion publique et des autorités congolaises sur la fragilité de la situation de la liberté de la presse, à quelques mois de grandes échéances électorales.
JED demande au gouvernement, à travers le ministère de l’Intérieur et celui de la Communication et Médias, d’envisager dès à présent des mesures concrètes de sécurisation des professionnels des médias face à la montée de l’intolérance politique et aux interférences de plus en plus fréquentes des services de sécurité dans le travail de la presse. JED attend surtout la mise en place rapide d’un Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) dirigé par des personnes intègres et compétentes pour assurer une bonne régulation des médias pendant cette période cruciale.
En effet, samedi 30 avril 2011, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a annoncé pour le mois de novembre 2011, le début de l’organisation des élections générales, et notamment des présidentielles et des législatives, prévues le 28 novembre 2011. Cette perspective ouvre la voie à de grandes manœuvres politiques pour lesquelles les médias seront un enjeu de taille pour les différents protagonistes et où les risques d’atteintes à la liberté de presse seront nombreux.
D’ores et déjà, JED exprime sa préoccupation face à la détérioration constante du climat de travail des journalistes, surtout à l’intérieur du pays où on constate une grande montée de l’intolérance politique et des interférences de plus en plus nombreuses des autorités politico-administratives, et des services de sécurité dans le travail de la presse.
A titre illustratif, depuis le début de cette année, JED a pu dénombrer au moins 35 cas d’attaques directes dirigées contre les journalistes ou contre les médias, soit une moyenne de 2 à 3 cas d’attaques contre le travail des journalistes chaque semaine. Parmi ces attaques, on compte au moins 12 cas d’emprisonnements, 8 cas d’agressions et menaces contre des professionnels des médias, 9 cas de censure et 6 cas de pressions diverses sur les médias.
JED constate également que plus de la moitié de ces atteintes à la liberté de la presse sont le fait des services de sécurité et particulièrement de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), alors qu’aucun texte de loi ne reconnaît à ces services la compétence de connaître un délit de presse, si délit de presse il y a.
Tout en se félicitant du fait rare, qu’au moment où le monde célèbre cette journée dédiée à la liberté de la presse, aucun journaliste congolais ne croupit en prison à cause de son travail ou de sa qualité de journaliste, JED appelle néanmoins les professionnels des médias à la plus grande prudence et à l’observance stricte de leur Code d’éthique et de déontologie, afin d’espérer se mettre à l’abri de toutes mauvaises surprises pendant la période de tension électorale.
C’est dans cette perspective que JED initie une campagne de sensibilisation sur la sécurité des journalistes en période électorale, notamment par la distribution, à Kinshasa et en provinces, d’un « Guide pratique du journaliste en période électorale » qui a été conçu par Reporters sans Frontières (RSF) et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), pour aider les journalistes à aborder et à couvrir cette période dans les meilleures conditions possibles de sécurité pour eux-mêmes.
Enfin, JED saisit cette occasion pour réitérer son appel solennel au Président de la République, de concrétiser dans les faits sa volonté maintes fois exprimée de protéger et de sécuriser les professionnels des médias, en décrétant un moratoire sur les emprisonnements de journalistes pour des motifs liés, notamment, à la diffamation, afin de favoriser un débat démocratique nécessaire à la tenue d’élections réellement libres et transparentes que tous appellent de tous leurs vœux.