JED estime que ce meurtre est un signal négatif de trop à l'approche des prochaines élections présidentielles.
(JED/IFEX) – Journaliste en danger (JED) condamne l’assassinat de Jean Léonard Rugambage, rédacteur en chef adjoint de « Umuvugizi », un journal paraissant à Kigali, capitale de la République du Rwanda et correspondant de JED au Rwanda. JED demande instamment aux autorités rwandaises de diligenter une enquête impartiale et crédible afin de faire toute la lumière autour de ce crime. En effet, JED craint que ceux qui auraient commis le forfait soient justement ceux-là qui conduisent les enquêtes.
JED estime que ce meurtre d’un journaliste courageux et respectable qui a refusé maintes fois de partir en exil en dépit de menaces sérieuses est un signal négatif de trop à l’approche des prochaines élections présidentielles.
Selon les informations recueillies par JED, Jean Léonard Rugambage a été tué, dans la nuit du jeudi 24 juin 2010, par des inconnus qui lui ont tirés quatre balles à bout portant devant son domicile dans le quartier populaire Nyamirambo à Kigali alors qu’il revenait, au volant de sa voiture, d’une visite familiale en province. Le 25 juin au matin, selon un journaliste local contacté par JED, la police aurait ramassé sur le lieu du crime quatre douilles.
Correspondant de JED au Rwanda depuis plusieurs années, Rugambage avait, dans son humour légendaire, le courage de ses idées et n’avait pas sa langue en poche au sujet des dérives totalitaires du pouvoir à Kigali. À la veille de sa mort tragique, il a publié sur le site du journal « Umuvugizi » un article dans lequel il a cité un haut responsable des services de sécurité rwandais qui aurait demandé à son chauffeur d’achever, en échange de récompense, le général Kayumba Nyamwasa (en exil en Afrique du Sud), hospitalisé après une tentative d’assassinat.
JED note également que Rugambage et son journal était depuis plusieurs mois la cible des autorités rwandaises. Le Haut conseil des médias (HCM), instance de régulation des médias au Rwanda, avait suspendu, le 13 mars 2010, « Umuvugizi » et « Umuseso », deux principaux journaux indépendants paraissant à Kigali pour une durée de six mois pour « incitation de l’armée et de la police à l’insubordination aux ordres de leurs chefs, publication d’informations portant atteinte à l’ordre public, diffusion de rumeurs ainsi que pour diffamation et immixtion dans la vie privée des gens ».