(JED/IFEX) – Dans une lettre du 28 mai 2004, adressée au ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et de la Sécurité, Théophile Mbemba Fundu, JED a exprimé ses inquiétudes au sujet de la chasse aux journalistes oeuvrant dans la province du Katanga, plus particulièrement dans la ville de Lubumbashi, par des individus se réclamant de […]
(JED/IFEX) – Dans une lettre du 28 mai 2004, adressée au ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et de la Sécurité, Théophile Mbemba Fundu, JED a exprimé ses inquiétudes au sujet de la chasse aux journalistes oeuvrant dans la province du Katanga, plus particulièrement dans la ville de Lubumbashi, par des individus se réclamant de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, député et ancien gouverneur de la province du Katanga à l’époque des purges ethniques de 1992. Des copies de la lettre ont été réservées à toutes les autorités congolaises.
JED a dit au ministre Fundu qu’au moins trois journalistes avaient reçu, entre le 25 et le 28 mai, de menaces sérieuses de mort pour avoir exercé leur devoir d’informer en toute liberté et responsabilité. Le dernier cas en date est celui de Jean-Jacques Luboya Samba Shake, éditeur du journal « La Vérité », paraissant à Lubumbashi. Ce dernier a publié deux articles qui lui valent depuis le 27 mai d’être dans le collimateur de ces « justiciers » d’un genre nouveau qui sévissent à Lubumbashi. Le premier article, paru dans l’édition du 27 mai de « La Vérité », est intitulé, « Quand la démocratie devient la politique du pire : Kyungu wa Kumwanza déterminé à déstabiliser le gouverneur du Katanga ». Le second article, paru dans la même édition, indique que la tête de Jean-Claude Muyambo, président de la Communauté des sudistes de Lubumbashi, a été « mise à pris par la bande à Kyungu ».
Avant Shake, les mêmes menaces de mort avaient été adressées, le 25 mai, à Rose Lukanu Tshakwiza, journaliste à la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), où elle anime l’émission « L’invité de la semaine », et correspondant local de Radio France Internationale. Anonymes au départ, les menaces sont devenues, au fil des jours, plus précises et des visages se sont découverts. Dieudonné Bamoina et un certain Sakatolo, deux membres de Union nationale de fédéralistes du Congo (UNAFEC), parti membre de la coalition au gouvernement et dont le président, Honorius Kisimba Ngoy, est ministre de la Justice et Garde des Sceaux, reprochent à Lukanu de n’avoir pas mentionné, dans son émission du 24 mai, qu’il y aurait eu des morts lors de la dispersion, le 19 mai à Lubumbashi, de la marche de protestation des femmes dénudées de l’UNAFEC pro-Kumwanza. Ces femmes exprimaient ainsi leur désapprobation à la non désignation de leur « gourou » au poste de gouverneur de province.
Le troisième cas est celui de Pierrot Nsenga, journaliste à la RTNC et correspondant local du journal « Le Révélateur », paraissant à Kinshasa. Nsenga a publié, depuis le lendemain des événements du 19 mai, une série d’articles rendant compte de ce qu’il a vu et entendu et fustigeant notamment le comportement anarchiste de Kumwanza. Des jeunes de l’UNAFEC, pro-Kumwanza lui ont promis « le cimetière ».
Eu égard au climat d’insécurité entretenu par des extrémistes de l’UNAFEC, caractérisé par des cas d’assassinats, JED a demandé au ministre Fundu de faire en sorte « que le gouvernement, de manière générale, et [le Ministre] de manière particulière, instruisent leurs services au niveau de la province du Katanga pour que soit mis fin immédiatement à la chasse contre les trois journalistes précités ; que la sécurité des journalistes Rose Lukanu Tshakwiza, Pierrot Nsenga et Jean-Jacques Luboya Samba Shake soit assurée et M. Gabriel Kyungu wa Kumwanza serait tenu pour responsable de tout acte malheureux qui arriverait aux journalistes précités ou à leurs proches ; et que le Procureur général de la République, [à qui une copie de la même lettre a été réservée], ouvre une information judiciaire contre les personnes identifiées qui profèrent des menaces de mort contre les trois journalistes ».