Les installations de la radio ont été quadrillées par des éléments des Forces Armées, de la police nationale et de l'ANR qui ont procédé à l'arrestation de huit journalistes qui se trouvaient sur le lieu.
MISE À JOUR: Deux semaines dans l’est de la RDC: l’information en danger (RSF, 15 mai 2012)
(JED/IFEX) – Kinshasa, le 14 mai 2012 – Journaliste en danger (JED) a appris la décision de la suspension pour trois mois de la Radio Liberté, une chaîne privée émettant à Butembo, troisième ville de la province du Nord-Kivu (Est de la RDC). Cette décision a été prise par le maire de cette ville à la suite de la diffusion par « Radio Liberté » des déclarations d’un responsable d’une milice armée et d’un mutin, appelant à combattre les forces régulières de la RDC (FARDC). Dans la suite de cette décision, plusieurs journalistes ont été interpellés et un autre détenu dans un cachot de la police.
JED regrette cette décision de fermeture d’un média et considère que tout acte qui tend à museler la presse ou à supprimer un espace de liberté et d’expression est un acte négatif et nuisible à la démocratie. Pour autant, JED appelle les journalistes et médias à faire preuve de grande responsabilité dans leur travail. « Quand un pays est en guerre, les journalistes doivent faire preuve de la plus grande prudence et avoir un maximum de réserve, ne serait ce que pour leur propre sécurité », a déclaré le Secrétaire général de JED, Tshivis Tshivuadi. « Cet incident pouvait se régler autrement que par la fermeture, notamment par une mise en garde ou une sanction professionnelle », a conclu le Secrétaire général de JED.
Selon les informations recueillies par JED, les installations de la Radio Liberté ont été quadrillées, dimanche 13 mai 2012 vers 7 heures locales, par plusieurs éléments des Forces Armées de la RDC (FARDC), de la police nationale congolaise et de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) qui ont emporté l’émetteur de la chaîne et le groupe électrogène avant de procéder à l’arrestation de huit journalistes trouvés sur le lieu.
La veille, M. Sikuli Masaka, maire de la ville de Butembo, a adressé au responsable de la Radio Liberté une correspondance dans laquelle il a suspendu pour trois mois les émissions de ce média. La Radio Liberté a été accusée de « démoraliser les troupes des FARDC qui s’affrontent avec les mutins » dans la province du Nord-Kivu.
La Radio Liberté a diffusé, lundi 7 mai 2012, une émission intitulée « Animation Volcan » au cours de laquelle le journaliste Pili Pili Kasayi a accordé, au téléphone, deux interviews au général La Fontaine et au colonel Kahasa, respectivement chef de la milice dénommée Patriotes Résistants Congolais (PARECO) et ancien officié des FARDC en défection. La Fontaine a déclaré qu’il combattrait les FARDC afin de contrôler certains territoires de la province et le colonel Kahasa a dit qu’il a quitté les FARDC pour des raisons personnelles et qu’il se trouverait présentement en brousse en train de s’organiser.
Pili Pili a été arrêté, dimanche 13 mai tôt le matin, à son domicile et conduit à la police où il est détenu. Les huit journalistes interpellés à la station, ont été conduits au bureau local de l’ANR où ils ont été gardés pendant quelques heures avant leur libération grâce à la mobilisation de la population locale.
Contacté par JED, Ulrich Mohindo, directeur de la Radio Liberté, a rapporté que les agents de l’ordre et des renseignements ont emporté les matériels de la chaîne sans signer un procès verbal.
JED demande instamment aux autorités provinciales de clore cet incident, d’ordonner la libération du journaliste détenu et de permettre à la Radio Liberté de reprendre ses activités.