(JED/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de JED daté du 7 avril 2003 : Kinshasa, le 07 avril 2003 JED salue la promulgation de la Constitution et demande au Président Kabila et au RCD/Goma de respecter leurs engagements Le Président de la République, M. Joseph Kabila, a promulgué, vendredi 04 avril 2003, la nouvelle […]
(JED/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de JED daté du 7 avril 2003 :
Kinshasa, le 07 avril 2003
JED salue la promulgation de la Constitution et demande au Président Kabila et au RCD/Goma de respecter leurs engagements
Le Président de la République, M. Joseph Kabila, a promulgué, vendredi 04 avril 2003, la nouvelle constitution issue des négociations politiques menées laborieusement en Afrique du Sud par la classe politique congolaise. Conformément à la nouvelle donne politique, Joseph Kabila a prêté serment devant la cour suprême de justice en tant que chef de l’Etat, le lundi 07 avril 2003.
Journaliste en danger (JED), organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté de la presse, salue ces deux évènements et demande, par conséquent, au Président Joseph Kabila et aux responsables de l’ex-mouvement rebelle RCD/Goma de tirer toutes les conséquences en ce qui concerne le respect de la liberté de la presse consacré par la nouvelle constitution.
En effet, les articles 27, 28 et 29 de la constitution promulguée affirment l’engagement de la RDC à respecter la liberté d’opinion et d’expression, le droit d’informer et d’être informé ainsi que l’indépendance des médias d’Etat.
JED constate qu’à Kinshasa, le gouvernement détient, depuis le 14 février 2003, le journaliste Bamporiki Chamira du quotidien La Tempête des Tropiques. Après un mois de détention sans jugement et sans visites dans un cachot de l’ANR (Agence nationale de renseignements), le journaliste a été déféré, le 24 mars, devant la Cour de sûreté de l’Etat qui l’a envoyé au CPRK (Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa). Selon le journaliste, il lui serait reproché, entre autre, d’avoir publié, avec l’apport des ONG des droits de l’homme, un article qui aurait coûté son poste à un responsable de l’ANR.
Le constat est aussi que la RTNC (radiotélévision nationale congolaise, chaîne publique) n’est pas encore « un service public dont l’accès est garanti de manière équitable à tous les courants politiques et sociaux « . L’objectivité, l’impartialité et le pluralisme d’opinions dans le traitement et la diffusion de l’information relèvent encore du discours politique.
Dans l’audiovisuel privé, la RTA (Radiotélévision Amazone, émettant à Mbuji-Mayi) vient, certes, d’être autorisée à reprendre ses programmes. Mais l’émission « Lubila lwa Mukrezaka » reste interdite depuis les derniers incidents sanglants du polygone minier de la MIBA (Minière de Bakwanga). A Tshikapa, il est interdit aux radios communautaires locales d’émettre en dialectes couramment parlés dans ce territoire.
A Bukavu, Radio Maendeleo est interdite depuis le 9 décembre 2002 sur décision des responsables du RCD/Goma. Et deux de ses responsables, Kizito Mushizi et Jean Omba Kamembele, avaient été incarcérés pendant 48 heures. Radio Maendeleo avait donné la parole aux habitants de Bukavu qui avaient critiqué la décision projetée de mise en circulation de nouvelles plaques d’immatriculation des véhicules.
Toujours à Bukavu, pas plus loin qu’il y a quelques jours, Ben Kabamba, journaliste à Radio Maria aurait été arrêté par les services de sécurité du RCD/Goma. Le motif officiel de son arrestation reste encore inconnu.
De tout ce qui précède, JED demande au président Kabila et aux responsables du RCD/Goma ce qui suit :
– La libération immédiate et sans condition des journalistes Bamporiki Chamira de La Tempête des Tropiques à Kinshasa et Ben Kabamba de Radio Maria à Bukavu ;
– La levée des mesures d’interdiction qui frappent Radio Maendeleo à Bukavu et l’émission « Lubila lwa Mukrezaka » de la RTA à Mbuji-Mayi ;
– La levée de la mesure d’interdiction d’utilisation des dialectes dans les émissions des radios communautaires à Tshikapa ;
– L’installation, toutes affaires cessantes, de la Haute autorité des médias et la révision des statuts de la chaîne publique RTNC afin de les adapter à l’exigence constitutionnelle « d’objectivité, d’impartialité et de pluralisme d’opinions dans le traitement et la diffusion de l’information » conformément à l’article 29 de la constitution de la transition.
Fait à Kinshasa, le 07 avril 2003
LE COMITE DIRECTEUR DE JED