Serge Mwamba et Fils Baende ont été interdits d'exercer leur métier, le 11 septembre 2009, pour une durée d'un mois.
(JED/IFEX) – Journaliste en danger (JED) exprime sa totale désapprobation contre la mesure de suspension infligée à deux journalistes par les sections provinciales de l’UNPC (Union Nationale de la Presse du Congo), de l’OMEC (Observatoire des Médias Congolais), et de la HAM (Haute Autorité des Médias) agissant sous les ordres du Gouverneur intérimaire de la province de l’Equateur, M. Jean Claude Baende.
JED en appelle à la responsabilité et au sérieux de ces organisations chargées de la régulation et de l’autorégulation des médias de ne pas abuser de leurs prérogatives pour brimer les journalistes, en se laissant instrumentaliser par des ennemis de la liberté de la presse.
Selon des informations parvenues à JED, Serge Mwamba et Fils Baende, respectivement rédacteur en chef et secrétaire de rédaction à Esukafaya, une station de radio privée émettant à Mbandaka, capitale de la province de l’Equateur, au Nord de la RDC, ont été interdits d’exercer leur métier, le 11 septembre 2009, pour une durée d’un mois, par une décision conjointe signée par l’OMEC, l’UNPC et la HAM.
Les trois organisations accusent ces journalistes d’avoir diffusé, le 9 septembre 2009 au cours de l’émission « Tribune politique », des propos qualifiés d »‘injurieux et haineux » à l’endroit du gouverneur Baende. Les propos provenaient de M. Charles Bofassa Djema, député national membre de l’opposition.
Selon des recoupements fait par JED, M. Bofassa, par ailleurs propriétaire de ladite radio, qui intervenait par téléphone à partir de Kinshasa, avait critiqué la gestion du gouverneur de province, l’accusant d’avoir détourné de l’argent alloué à la voirie urbaine de cette province.
Dès le lendemain de cette émission, les services de sécurité et de police se sont mis aux trousses de ces deux journalistes. N’ayant pas pu mettre la main sur eux, le gouverneur de province a convoqué dans son cabinet, dans l’après-midi du 10 septembre 2009, un comité provincial de sécurité auquel ont été associés des représentants de l’OMEC, de l’UNPC et de la HAM. C’est au cours de cette réunion que l’ordre a été donné de suspendre de leurs activités les deux journalistes.
Contacté par JED, Serge Mwamba a rejeté les accusations retenues contre eux, tout en déplorant le fait que les trois organisations professionnelles ne les ont jamais convoqués pour les entendre sur les griefs portés contre eux.
Depuis cette mesure de suspension, Serge Mwamba et Fils Baende ont dit à JED qu’ils ne cessent de recevoir sur leurs téléphones portables des messages anonymes de menaces dont l’un leur rappelait le sort subit par Serge Maheshe et Didace Namujimbo (NDLR, deux journalistes de la Radio Okapi tués à Bukavu en 2007 et 2008).
JED dénonce ces menaces ainsi que les mesures qui ont été prises pour empêcher les deux journalistes de faire leur travail. Pour JED, si elles veulent rester crédibles, les instances professionnelles de régulation et d’autorégulation doivent marquer leur indépendance vis-à-vis des détenteurs du pouvoir. Dans le cas d’espèce, et selon des témoignages concordants, JED constate avec regret que le représentant de l’UNPC, (syndicat chargé de défendre les journalistes) qui a contresigné la mesure de suspension de ces deux journalistes serait en même temps « attaché de presse » du gouverneur Baende. Ce qui le place dans une position inconfortable de juge et partie entre la défense de la liberté de la presse et la défense des intérêts de son « Patron ».