Achille Kadima Mulamba a été condamné par défaut par le Tribunal de Paix de Kinshasa/Gombe.
(JED/IFEX) – Journaliste en Danger (JED), a pris connaissance, avec stupéfaction, du jugement rendu public, le 2 novembre 2010, par le Tribunal de Paix de Kinshasa/Gombe, et condamnant un journaliste à 8 mois de prison et à des lourdes peines d’amendes. JED s’inquiète de la procédure d’urgence qui a conduit à la condamnation « par défaut » de ce journaliste sans lui avoir donné l’occasion de se défendre, et soutient l’action en opposition contre ce jugement, introduite par le journaliste.
D’après les informations parvenues à JED, Achille Kadima Mulamba, directeur de publication de « AfricaNews », un journal privé paraissant à Kinshasa, capitale de la RDC, a été condamné par défaut, mardi 2 novembre 2010, par le Tribunal de Paix de Kinshasa/Gombe qui l’a reconnu coupable de diffamation à l’encontre de M. Alexis Thambwe Mwamba Junior, Coordonnateur et Ordonnateur national délégué de la Cellule d’Appui du Fonds Européen de Développement (COFED), conformément à l’article 74 du Code Pénal Congolais. Dans son jugement, le tribunal accuse également le journaliste de « mauvaise foi » pour avoir refusé de publier le droit de réponse du plaignant.
La condamnation de Kadima faisait suite à la publication, mardi 26 octobre 2010, d’un article intitulé « FC 270 millions volatilisés à la COFED. Le suspect, Alexis Thambwe Mwamba », signé de la plume d’un pseudonyme, dans lequel l’auteur de l’article accusait M. Thambwe Mwamba Junior d’avoir détourné 270 millions de Francs Congolais destinés à la prise en charge d’une partie du fonctionnement de la COFED, dont les salaires et primes des agents.
Sans entrer dans le fond de cette affaire, JED émet quelques réserves de principe sur l’application encore en RD Congo, de certaines lois liberticides qui ne laissent aucune chance aux médias de jouer leur rôle de « chien de garde » par la dénonciation de la mauvaise gestion, de corruption et des détournements des biens publics. Il s’agit particulièrement de l’article 74 du Code Pénal ordinaire datant de l’époque dite de la dictature mobutienne, en application duquel le juge n’est lié ni à la véracité, ni à la fausseté des informations diffusées par le journaliste, en ne privilégiant que « l’honneur et la considération » de la personne incriminée.
Dans le cadre de la lutte engagée par le Gouvernement contre la corruption et les antivaleurs, JED demande aux instances judiciaires congolaises de faire preuve de tempérance dans les affaires de diffamation et appelle à l’accélération du processus de la dépénalisation des délits de presse, autres que les incitations à la haine et à la violence.