JED demande instamment à toutes les autorités congolaises et onusiennes de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité physique de la journaliste Gisèle Kaj.
(JED/IFEX) – Kinshasa, le 8 mai 2012 – Journaliste en Danger (JED) exprime ses très vives inquiétudes à la suite des graves menaces proférées contre Gisèle Kaj Kaung, journaliste à Radio Okapi, station provinciale de Goma, chef-lieu de la province du Nord- Kivu (Est de la RDC), par M. Julien Paluku, gouverneur de la province du Nord-Kivu.
JED tient à mettre en garde les autorités politico-administratives et militaires de cette province, sur leur responsabilité pleine et entière dans tout ce qui pourrait arriver de fâcheux à la journaliste.
Selon les informations parvenues à JED, M. Julien Paluku a invité à son domicile, mercredi 2 mai 2012, M. Alexandre Essome, chef de l’information publique et porte-parole de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) à Goma, à qui il a manifesté son mécontentement sur la manière de cette radio onusienne de traiter les informations concernant les affrontements entre les Forces Armées de la RDC (FARDC) et des soldats mutins ayant déserté ses rangs dans les provinces du Nord et Sud – Kivu. Ensuite, il a cité nommément la journaliste Gisèle Kaj, l’accusant de partialité dans son reportage diffusé lundi 30 avril 2012 et dans lequel elle aurait « jubilé » à la prise de certaines localités de la province du Nord- Kivu par les mutins.
Contactée par JED, Gisèle Kaj a déclaré que dans son reportage basé sur les témoignages des populations et sur les rapports de la Direction Générale de Migration (DGM) et de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) elle a fait mention du fait que les mutins avaient pris le contrôle de certaines localités de Masisi et Rutshuru et que cette situation a occasionné un déplacement de plus de 2000 personnes qui ont traversé la frontière congolaise pour le Rwanda en fuyant les combats dans la localité de Masisi. « C’est la deuxième fois que Julien Paluku m’accuse d’avoir des accointances avec les rebelles. En 2008, le même gouverneur de la province avait déclaré que j’étais l’une des concubines de Laurent Nkunda, ancien leader du mouvement rebelle Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP). Aujourd’hui encore, il m’accuse d’avoir un amant parmi les rebelles. M. Paluku est en train de saper ma réputation et de me mettre en insécurité », a-t-elle ajouté.
JED élève une vigoureuse protestation contre ces accusations calomnieuses et menaces proférées contre cette journaliste dont le professionnalisme ne peut être mis en doute. JED considère que de telles graves accusations dans une province en proie à la violence et à l’insécurité ambiante ressemblent bien à des appels au meurtre contre la journaliste, et demande instamment à toutes les autorités congolaises et onusiennes de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité physique de la journaliste Gisèle Kaj.
JED rappelle que deux journalistes de la Radio Okapi avaient été assassinés en l’espace d’une année dans la province du Sud-Kivu dans des circonstances qui n’ont jamais été clairement élucidées. Il s’agit de Serge Meheshe, tué le 13 juin 2007, et de Didace Namujimbo, assassiné le 21 novembre 2008.