Peu avant sa disparition, le journaliste Guylain Chandjaro était tabassé dans un bar par un inconnu lui reprochant des propos tenus dans une de ses émissions, intitulée "Hewa Bora" et diffusée sur le Radiocanal Révélation.
Reporters sans frontières est bouleversée par la mort de Guylain Chandjaro, journaliste en langue swahili de la station communautaire Radio Canal Révélation (RCR) et pigiste pour la RTNC/Bunia, émettant à Bunia, dans le district de l’Ituri (Est de la République démocratique du Congo).
Son corps a été retrouvé le 17 mai 2013, douze jours après sa disparition, gisant dans le lit de la rivière Ngezi qui traverse la ville de Bunia. Le journaliste a été inhumé le jour même.
« Le corps de Guylain Chandjaro portait des traces de blessures à la nuque : il ne fait aucun doute qu’il a été tué. Nous appelons les autorités à conduire une enquête sérieuse faisant la lumière sur ce drame. L’investigation, qui doit permettre d’arrêter et de punir les coupables, devra déterminer s’il s’agit d’un règlement de comptes privé ou d’un meurtre lié à l’activité professionnelle de la victime. Nous saluons pour l’instant l’apparente détermination des autorités en charge de cette affaire, suivie de près tant par le gouverneur que par la Monusco », a déclaré Reporters sans frontières.
Interrogé par l’organisation, Richard Pituwa, directeur de Radio Canal Révélation, a fait part de son émotion : « Nous condamnons vivement ce qui est arrivé. Nous demandons aux autorités locales et nationales d’agir en faveur de la protection des journalistes. Ce qui est arrivé à Guylain peut arriver à d’autres ».
Le 20 mai, plusieurs personnes ont été interpellées dans le cadre de cette affaire, le procureur ayant insisté pour que les recherches avancent après avoir observé des irrégularités dans l’enquête préliminaire. Le mobile du crime est inconnu et il reste très difficile, pour l’heure, de savoir s’il est lié à la profession de Guylain Chandjaro.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, le journaliste avait déjà été violemment agressé il y a environ cinq ou six mois. Ensuite, peu avant sa disparition, il avait été tabassé dans un bar par un inconnu lui reprochant des propos tenus dans une de ses émissions, intitulée « Hewa Bora » et diffusée sur Radio Canal Révélation. Selon des témoins de la scène, l’homme aurait dit à Guylain Chandjaro : « Tu crois que la radio est une couverture ? Tu auras de mes nouvelles ».
Pour protester contre la disparition de leur confrère, les professionnels de l’information de Bunia avaient organisé une « Journée sans médias » le 16 mai, suivie d’une marche pacifique à laquelle ont participé plus de cent personnes.
Guylain Chandjaro est le deuxième journaliste tué en 2013 en République démocratique du Congo. Le 24 février dernier, Tatiana Kahashi a été tuée par balles à Rutshuru au cours d’affrontements opposant deux factions rivales du mouvement rebelle M23. Nombre de ses confrères refusent de ne voir en son décès qu’un dommage collatéral. Peu d’entre eux croient à une balle perdue. En effet, la journaliste avait expressément été menacée par un chef rebelle à la fin de l’année 2012.