Boukary Ndaou était détenu après que son journal avait publié une lettre ouverte reprochant au président de la République du Mali pour des avantages financiers accordés à un officier de l'armée malienne.
MISE À JOUR : Journée « presse morte » en soutien à un journaliste détenu depuis une semaine par les services de renseignements (RSF, 11 mars 2013)
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne avec force l’arrestation, le 6 mars 2013, de Boukary Ndaou par les services de sécurité d’Etat. Si aucune charge n’a officiellement été retenue contre le directeur de publication du journal Le Républicain, cette interpellation intervient quelques heures après la publication de la lettre ouverte d’un soldat malien, reprochant au président de la République du Mali « les avantages accordés » au capitaine Sanogo, à l’origine du coup d’État du 22 mars 2012.
« La période de troubles que traverse le Mali ne justifie en aucun cas les intimidations exercées à l’encontre de journalistes », a déclaré Reporters sans frontières. « L’arrestation d’un journaliste qui met en lumière les dissensions au sein de l’armée depuis le coup d’État du 22 mars contribue à renforcer l’instabilité du pays. La presse doit être libre d’aborder les sujets les plus sensibles afin de permettre le retour d’une démocratie stable et respectueuse des droits de l’homme. Dans cette perspective, nous demandons la libération immédiate de Boukary Ndaou ».
Le 6 mars 2013, en début d’après-midi, six hommes de la Sécurité d’Etat ont arrêté Boukary Ndaou dans les locaux du journal. Aucune charge n’est officiellement retenue contre lui pour l’instant et la rédaction du journal ignore où se trouve son directeur de publication.
A la Une de l’édition du même jour, un certain capitaine Touré, stationné avec les forces militaires maliennes à Gao s’insurgeait contre « les avantages accordés » au capitaine Amadou Sanogo, responsable du coup d’Etat du 22 mars 2012 et nommé en février Secrétaire général du Comité militaire de suivi de la Réforme des forces de défenses et de sécurité au Mali. Le signataire de la lettre, appuyé par ses troupes, menace de cesser le combat si les avantages financiers accordés aux membres de ce comité militaire ne sont pas annulés par le président Dioncounda Traoré.
Dans un communiqué publié le 7 mars 2013, la rédaction du quotidien Le Républicain s’inquiète des récentes violations de la liberté de la presse et conclut que « tout en respectant l’éthique et la déontologie, Le Républicain […] ne cédera jamais face aux menaces de quelque nature que ce soit. Vive la liberté de la presse dans un Mali démocratique ».