Quatre chaînes de télévision et plusieurs radios qui avaient défié l'interdiction de retransmettre l'investiture symbolique de l'opposant Raila Odinga en tant que président ont été bloquées par les autorités.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 31 janvier 2018.
Quatre chaînes de télévision et plusieurs radios qui avaient défié l’interdiction de retransmettre l’investiture symbolique de l’opposant Raila Odinga en tant que président ont été bloquées par les autorités. Reporters sans frontières dénonce une violation du droit à l’information et demande au gouvernement d’autoriser ces chaines à transmettre de nouveau.
L’Autorité des communications kényane a bloqué la diffusion de quatre chaînes de télévision privées – Citizen TV, Inooro TV, NTV, et KTN News – et d’une dizaine de radios qui assuraient la transmission de la prestation de serment du chef de l’opposition. Raila Odinga qui ne reconnait pas les résultats de la dernière élection présidentielle a symboliquement été investi « président du peuple » par ses partisans le 30 janvier 2018.
Selon le directeur de Citizen et Inooro TV, aucun motif officiel ne lui a été notifié avant la suspension des fréquences de ses chaînes. Cependant, quatre jours auparavant, le président Uhuru Kenyatta avait réuni les directeurs des médias pour les menacer de fermer et retirer leur licences d’exploitation s’ils venaient à diffuser en direct cette cérémonie.
« Le gouvernement doit permettre au plus vite à ces chaînes de rediffuser leurs programmes dans des conditions habituelles, déclare Reporters sans frontières. Les citoyens kenyans ont le droit de savoir ce qu’il se passe dans leur pays. Ce droit à l’information est d’ailleurs prévu par la Constitution du pays. Suspendre la diffusion de chaînes de télévision et de radio au prétexte qu’elles couvrent un événement interdit est contraire au droit national et international. Les journalistes ne sont que des messagers et en aucun cas ils ne peuvent être associés à une des parties en conflit », rappelle encore l’organisation de défense de la liberté d’information.
La Corporation des Directeurs de médias du Kenya (The Kenya Editors’ Guild) s’est dit très inquiète de la tendance du gouvernement à « museler ou à menacer les médias lors de leur couverture d’événements politiques dans le pays ». NTV a aussi rappelé, dans un éditorial du 31 janvier, que les médias ne prenaient pas partie dans la bataille politique qui oppose le parti Jubilee du président Uhuru Kenyatta à la NASA (National Super Alliance), une coalition des partis d’opposition. Les médias et les associations de journalistes ont, quant à eux, demandé au gouvernement de respecter les articles 34 et 35 de la constitution kényane qui consacrent la liberté d’informer.
Le Kenya occupe la 95ème place sur 180 dans le Classement mondial 2017 de la liberté de la presse de RSF.