(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre taleb de l’Information, Qadratullah Jamal, RSF a protesté contre la fermeture du bureau de la British Broadcasting Corporation (BBC) à Kaboul et l’expulsion de la correspondante de la radio britannique. RSF estime que cette décision est un retour en arrière très préoccupant et constitue une grave atteinte […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre taleb de l’Information, Qadratullah Jamal, RSF a protesté contre la fermeture du bureau de la British Broadcasting Corporation (BBC) à Kaboul et l’expulsion de la correspondante de la radio britannique. RSF estime que cette décision est un retour en arrière très préoccupant et constitue une grave atteinte à la liberté de la presse en privant la communauté internationale et les populations afghanes d’informations indépendantes sur la situation dans le pays. RSF a demandé au ministre de revenir sur sa décision et a condamné « toute pression sur les correspondants de la presse étrangère ». Robert Ménard, le secrétaire général de l’organisation, a rappelé que dans un rapport intitulé « Les taliban et la presse », publié en octobre 2000, RSF avait déjà demandé aux autorités de Kaboul de « lever les restrictions imposées aux journalistes étrangers travaillant sur le sol afghan » (disponible sur www.rsf.fr). En réponse au rapport de RSF, les taliban avaient signalé la présence sur le sol afghan de journalistes d’Associated Press, de l’Agence France-Presse, de Voice of America et de la BBC qui pouvaient envoyer des articles « sans censure » (consulter les alertes de l’IFEX du 16 octobre et 27 septembre 2000).
Selon les informations recueillies par RSF, le ministre de l’Information du gouvernement taliban a ordonné, le 14 mars 2001, la fermeture du bureau de la BBC à Kaboul et a demandé à la correspondante permanente de la radio, Kate Clark, de quitter le pays dans les vingt-quatre heures. Cette mesure serait liée à la diffusion, la veille, par le service en pachtou de la radio britannique, d’une interview de Ashraf Ghani, un intellectuel afghan exilé aux Etats-Unis. Ce dernier avait qualifié les taliban de « jahel » (illettrés) et la destruction des bouddhas de Bamiyan de « non-islamique ». La BBC est également accusée par le ministre de l’Information de diffusion d’informations « anti-afghanes » et d’ignorer « les points de vue du gouvernement taliban. »
Déjà le 16 décembre, Saboor Salehzai, collaborateur et traducteur de la correspondante de la BBC en Afghanistan, avait été arrêté par des miliciens taliban. Il était accusé d’avoir « violé la régulation sur le travail des Afghans pour les médias étrangers ». Il avait été libéré le 20 décembre (consulter les alertes de l’IFEX des 20 et 19 décembre 2000).